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Ukraine : des Français prennent les armes pour la Russie

dimanche 31 août 2014

Quatre Français, âgés de 25 ou 26 ans, sont partis rejoindre cet été les séparatistes pro-russes qui combattent dans l’est de l’Ukraine. Qui sont-ils ?

Victor, Guillaume, Michael et Nikola assurent être "prêts à mourir pour les valeurs de la Russie". Les quatre jeunes Français, qui se sont rencontrés sur Facebook, ont intégré les rangs des séparatistes pro-russes combattant dans l’est de l’Ukraine. Ils ont raconté à Libération et au Monde (article réservé aux abonnés) leur parcours et les raisons de leur engagement.

En juin, les quatre comparses, après avoir atterri à Moscou, se sont rendus à Rostov-sur-le-Don, dans le sud de la Russie, principale base arrière de la rébellion séparatiste. Ils voulaient voir comment ils pouvaient "venir aider le Donbass", la région minière rebelle de l’est de l’Ukraine. Deux mois plus tard, les quatre jeunes hommes ont finalement réussi à passer dans l’est de l’Ukraine, non sans mal.

Le 20 août, ils arboraient l’uniforme des bataillons de la République populaire autoproclamée de Donetsk, rapporte Francetvinfo. Selon Libération, ils sont membres du bataillon Vostok ("Est" en russe), dirigé par un Russe qui donne ses ordres depuis la Russie. Tout a commencé pour eux à Belgrade, où les quatre hommes ont fondé en janvier "le mouvement ultranationaliste nommé Unité continentale".

Déçus de l’armée

Même si l’organisation ne dispose "pour l’instant" que d’une page Facebook, elle nourrit l’ambition d’envoyer au Donbass une "brigade continentale". Le Monde souligne que "quelques Allemands, des Espagnols, des Tchèques et des Norvégiens les ont déjà rejoints". "Unité continentale" entend préparer l’arrivée d’autres Français en Ukraine, assurant avoir déjà une vingtaine de candidats. Selon Victor, l’idéologue du groupe, "la troisième guerre mondiale a déjà commencé. C’est un conflit local dans un conflit global." "Quand on aura rempli cette mission, on repartira d’ici", ajoute Nikola Perovic.

Comme Victor, ce dernier est un ancien militaire. Franco-Serbe, il a passé cinq ans dans le 13e bataillon de chasseurs alpins, où il a fini caporal-chef. Il était basé en Afghanistan. À Donetsk, il assure être devenu instructeur et, grâce à sa connaissance du serbe et un coup de pouce de Google, avoir traduit en russe des manuels de l’armée française (quoique les deux langues, comme le précise Libération, sont très différentes).

Victor Lenta est aussi un déçu de l’armée française, au sein de laquelle il a passé cinq ans comme caporal du 3e régiment de parachutistes d’infanterie de marine. À son tableau de chasse : l’Afghanistan, la Côte d’Ivoire, le Tchad. "J’ai vu que nous ne sommes que les supplétifs des États-Unis et de l’Otan. Ce n’était pas pour ça que je m’étais engagé", déplore-t-il dans les colonnes de Libération.

Même amertume du côté de Nikola : "Je suis entré en tant que patriote et, au final, je me suis rendu compte que ce pays ne s’occupait pas de ceux qui le servaient. Au retour, c’est chacun de son côté. Le militaire du rang reçoit une médaille et puis salut... Parmi mes anciens copains, il y a ceux qui sont tombés dans l’alcool et la drogue. L’armée française manque de reconnaissance pour ses soldats."

Des "nationalistes avec un zeste de socialisme révolutionnaire"

Le profil des deux autres membres d’"Unité continentale" est plus inattendu. Michael, "le prolétaire" du groupe, est un ancien salarié de Carrefour qui s’est d’abord engagé en faveur du régime syrien. Il s’est rendu sur place pour distribuer des jouets aux enfants. C’est sur Facebook qu’il a rencontré ses nouveaux compagnons. Quant à Guillaume, licencié en histoire, il assure qu’il "ne fait pas la guerre pour la guerre", mais pour ses convictions.

Car ce sont bien elles qui semblent rapprocher les quatre hommes. Des convictions politiques plus que religieuses. "La religion n’est pas le dénominateur commun de nos choix", précise Victor, avant d’ajouter : "La manif pour tous a été le mai 68 de la droite, et nous sommes tous de droite." Deux des quatre hommes sont en effet orthodoxes, l’un est catholique et le dernier se dit athée.

Si Michael et Nikola ont des contacts avec diverses organisations radicales, sans engagement formel, les deux autres affichent un engagement à l’extrême droite plus marqué. Selon Le Monde, Victor a codirigé les Jeunesses identitaires à Toulouse, participé au développement de la section locale des Jeunesses nationalistes et est "proche du Lys noir, un groupuscule putschiste prônant un coup d’État militaire".

Guillaume est quant à lui sympathisant à la fois des Jeunesses identitaires et du Parti de la France, et membre du mouvement skinhead Troisième voie. "Entre le consumérisme occidental et les traditions de l’Est, nous avons fait un choix. Nous sommes des nationalistes avec un zeste de socialisme révolutionnaire", explique Victor à Libération. Sur TF1, il précise sa vision des choses : "Ici, c’est deux visages l’Europe qui s’affrontent, celui de l’UE, de l’ultralibéralisme, de l’impérialisme américain, du mariage gay, de l’athéisme, contre l’Europe de Russie, celle de la famille traditionnelle et des valeurs saines."

Car les quatre combattants ne comptent pas s’arrêter là. "Si on est toujours en vie, une fois cette guerre finie, on ira aider les chrétiens d’Irak et dessouder de l’islamiste", conclut Nikola.


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