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Men mwen, gran lodyansè devan letènèl

jeudi 18 juillet 2019 par Charles

Arnold Antonin, passé de présentation dans le domaine du cinématographique dans le pays, a présenté un film sur Maurice Sixto : « Men Maurice Sixto, gran lodyansè devan letènèl. Prince de l’oraliture »
À Livres en folie, et parce qu’aussi le septième art est un livre en image placé sur une bande et qui se défile à travers nos pupilles, Arnold Antonin a signé avec la plus part de ces films documentaires. Il a profité de cette foire pour présenter au grand public son tout dernier documentaire. Réalisé à l’occasion du centenaire de naissance de Maurice Sixto, en collaboration avec la SHAA et la Fondation Maurice Sixto avec le soutien de la FOKAL et de la Fondation UNIBANK, Arnold Antonin nous fait découvrir en image la vie de cet homme. Ce film est un zoom sur son histoire personnelle et pénètre dans les arcanes de son œuvre, ses créations à travers des témoignages émouvants.
Antonin est un habitué de l’immortalisation des grands personnalités de la société haïtienne à travers ses documentaires. Il a travaillé par exemple sur Jacques Stephen Alexis, cet immense écrivain, disparu trop tôt, laissé corps ouvert au ciel et sans sépulture. Cet homme considéré par certains critiques comme le saint patron des écrivains haïtiens, doté d’une plume poétique faisant toujours un aller-retour entre nos deux langues, français, créole. Dans son documentaire sur Alexis, c’était une façon de donner à ce grand un tombeau où reposer, au moins sa mémoire, en paix, car son corps, jusqu’à présent n’a jamais été retrouvé. Sur René Depestre, ce poète et écrivain, encore vivant, qui n’a jamais cessé de chanter la femme, oh Alléluia pour une femme jardin, ne se lassant jamais de son éros et de ses engagements politiques. On ne rate pas une vie éternelle, Depestre le sait, ses œuvres en témoigneront, le documentaire aussi. Sur Frankétienne, amoureux du monde comme lui seul, pour traverser ses mondes et découvrir l’essence même des créations artistiques de ce personnage, écrivain, poète, peintre, dramaturge. Sur six femmes d’exceptions qui ont fortement marqué leur temps et l’histoire pour encore des années à venir : Odette Roy Fombrun, Paulette Poujol Oriol, Micheline Laudun Denis, Émerante de Pradines, Vivianne Gauthier et Madeleine Desrosiers Tizo.
Dans ce long processus de rendre à jamais immortel, de préserver pour les jours à venir la mémoire de ceux qui sont partis mais qui ont d’une certaine manière marqué leur temps, lancé il y a longtemps de cela, le cinéaste haïtien Arnold Antonin fait rentrer Maurice Sixto. Des gens qui l’ont connu comme sa femme, entre autres des gens de la nouvelle génération qui l’ont admiré et qui ont puisé leur inspiration dans ses créations comme le fameux personnage de Tonton Bicha, des gens qui racontent des anecdotes, leur rencontre avec cette voix, ont pris la parole dans ce film de 1 heure 50 minutes pour parler de l’oraliture et faire revivre la mémoire de Sixto.
Mort, aveugle, d’une crise cardiaque aux États-Unis d’Amérique, par ses personnages il avait habité l’imaginaire collectif du peuple haïtien, maintenant avec ce film documentaire on ne découvre pas Ti Sentaniz, mais celui, cette voix, qui se tient derrière et vous emmène dans les couleurs de la lodyans : Maurice Sixto.

Gelin Guerschon-Hugh hughozkygelin@gmail.com
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