L’opposition intensifie les mobilisations et annonce une journée « mete lòd nan dezòd » ciblant les officiels

L’opposition politique n’entend lâcher du lest au président Jovenel Moise. Les mouvements populaires de rues seront intensifiés jusqu’à la démission du chef de l’Etat, d’après le juriste-militant André Michel, membre de l’Alternative consensuelle pour la refondation de l’Etat qui a tenu une conférence de presse pour non seulement encourager la population à intensifier les mouvements, inviter la communauté internationale à lâcher le président Jovenel Moise, mais aussi pour présenter clairement le calendrier des mobilisations annoncées pour les jours à venir.
Après les mobilisations des ouvriers les lundi 28 et mardi 29 octobre 2019, André Michel informe que les médecins se mêleront de la partie et fouleront le macadam, mercredi 30 octobre pour exiger le départ de Jovenel Moise. Jeudi 31 octobre, une journée de mobilisation sera tenue en mémoire de Charlemagne Péralte, notamment pour marquer le centenaire de son assassinat au début de l’Occupation américaine). Au cours de cette même journée, un ensemble de chauffeurs de moto se regrouperont pour investir les rues en vue de renforcer la bataille de l’opposition.
À l’occasion des funérailles du Journaliste Néhemie Joseph, le samedi 2 novembre, à Mirbalais, l’Alternative annonce une mobilisation partout sur le territoire national, tandis qu’une journée de solidarité sera tenue, le dimanche 3 novembre, avec les victimes de la répression, annonce André Michel, rappelant que durant ces douze derniers mois, plus de 140 personnes ont été assassinées, sans compter les assassinats des habitants dans le quartier de la Saline. Le lundi 4 novembre se tiendra une journée de « deuil national ». « Jounen sa ap move anpil. Depi 4è nan maten, pèp la sou brenzeng li… » insiste l’opposant politique qui annonce la couleur.
Pour le mardi 5 novembre, l’opposition annonce la journée baptisée « Mete lòd nan dezòd ». Selon l’adversaire farouche au régime en place, cette journée aura pour cible les ministres et les directeurs généraux du Gouvernement démissionnaire qui maintiennent encore à leur service les véhicules appartenant à l’Etat. « A partir du mardi 5 novembre, arrêtez de circuler dans les véhicules officiels qui ne vous appartiennent pas. Une fois qu’un ministre aura été aperçu avec un véhicule appartenant à l’Etat en sa possession, il sera amené au Commissariat par le peuple. Car, les véhicules n’appartiennent plus aux ministres, ils sont pour le peuple… » avertit fermement André Michel, apellant au maintien de la mobilisation jusqu’à la démission de Jovenel Moise.
Une fois de plus, André Michel invite la communauté internationale à écouter la voix du peuple, tout en lâchant le président Jovenel Moise. « Le peuple a tranché. Il a parlé. Vous ne devez pas continuer à supporter un chef d’État rejeté », exhorte-t-il, les invitant a rejoindre le peuple.
« Jovenel Moise, S’il vous reste un peu d’humanité, un peu d’amour pour votre pays, démissionnez le plus vite possible... », martèle le leader politique, présageant le chaos tant que le chef de l’Etat persiste à rester au pouvoir.
« Jovenel Moise est le probleme et non la solution. Il n’a ni la volonté, ni la compétence nécessaire pour diriger Haiti. Il ne peut pas délivrer la marchandise... », renchérit Serge Jean Louis. Ce dernier entendant attirer l’attention de la communauté internationale qui, d’après lui, s’inquiète d’une éventuelle situation chaotique en Haiti. « Nous sommes dans un chaos consommé, puisqu’aucune institution ne fonctionne dans le pays », entendait il préciser, avant d’inviter cette communauté internationale à comprendre la souffrance du peuple.
Fidèle à sa posture d’opposant farouche, le sénateur Nenel Cassy félicite, par ailleurs, tous les secteurs de la vie nationale qui continuent de rester mobilisés dans le cadre du mouvement. Persuadé que le mouvement aboutira au résultat escompté, celui de la démission de Jovenel Moise, le sénateur appelle les acteurs à se mobiliser partout sur le territoire.
Pour sa part, le sénateur Youri Latortue a profité de cette conférence pour saluer les agents de la Police nationale d’Haïti qui ont tenu, dimanche dernier, une journée de mobilisation pour faire passer un ensemble de revendications relatives à leurs conditions de travail. L’ancien président du Sénat révèle que le président de la république Jovenel Moise a choisi d’utiliser à d’autres fins l’argent qu’il pourrait placer au service des policiers. L’argent est là, mais il ne l’a pas ajouté au salaire des policiers, dit-il.
« Le président a placé l’argent de la police dans deux contrats. Le premier est estimé à 3,5 millions de dollars, un contrat qu’il a fait signer pour trois hélicoptères, alors qu’il pourrait seulement être évalué à un million. Le deuxième concerne le salaire des 25 mercenaires évalué à 1.5 million de dollars. Chacun de ces mercenaires est rémunéré à cinq mille dollars le mois ».
Le sénateur soutient qu’avec le système actuel, on ne placera pas cet argent dans l’assurance, ou le salaire des policiers qu’il invite donc à accompagner la population dans sa bataille contre le locataire du palais national.

Worlgenson Noël
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