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Mort d’Al-Baghdadi : l’immersion du corps en mer, un choix stratégique

mardi 29 octobre 2019 par Charles

Comme elle l’avait fait avec Oussama ben Laden, l’armée américaine a largué la dépouille du chef de Daech en mer, sans plus de précisions.

Le 29 octobre 2019 à 15h23
Où se trouve désormais le corps d’Abou Bakr al-Baghdadi ? Interrogé sur le sujet, le Pentagone s’est bien gardé de le dire, ne donnant aucun indice sur l’endroit où l’armée américaine a déposé la dépouille du chef de l’organisation Etat islamique, tué lors d’un raid américain en Syrie samedi. Seule certitude : les Etats-Unis ont choisi une immersion en mer, comme cela avait été le cas pour Oussama ben Laden en 2011.
Pourquoi ? Au contraire de l’administration Obama, qui avait communiqué sur le sujet il y a huit ans, le gouvernement de Donald Trump n’a pas encore fourni d’explication officielle. Mais un responsable du Pentagone, sous le sceau de l’anonymat, a assuré que la sépulture en mer avait été choisie pour éviter qu’une éventuelle tombe ne devienne un lieu de pèlerinage. Comme en 2011.
Mais ce qui distingue plus encore les deux immersions, ce sont les éléments de langage avancés par les uns et les autres. Quand l’administration Obama avait assuré, en 2011, avoir respecté la tradition islamique, le Pentagone a cette fois mis en avant les « lois de la guerre ». Un moyen d’éviter une nouvelle polémique ?
Après la mort d’Oussama ben Laden, alors qu’un haut responsable du gouvernement américain avait indiqué prendre « très au sérieux » le traitement du corps du djihadiste, plusieurs autorités du culte musulman avaient en effet critiqué le choix des Américains d’immerger la dépouille en mer, une pratique réprouvée selon eux par les textes religieux.
Un Américain à la recherche du corps de Ben Laden
Ces dernières heures, les autorités américaines n’ont donc pas évoqué la religion musulmane. Le chef d’état-major de l’armée, le général Mark Milley, a préféré décrire un « traitement » « approprié, selon la procédure (militaire) et en accord avec les lois de la guerre ».
Une formulation très vague qui, là aussi, peut faire débat. « Les conventions de Genève qui fondent le droit international dans le cadre des conflits, conventionnels et non conventionnels, exigent le respect de la culture du mort en matière funéraire et de lui accorder une sépulture, qu’il soit militaire, civil, allié ou ennemi », explique ainsi au Parisien Luc Capdevila, historien spécialiste de la guerre. Reste donc à savoir si la mer peut être considérée comme telle.
Dans l’histoire, rappelle-t-il, ces mêmes conventions n’ont pas toujours été respectées, notamment pour éviter qu’un culte du mort puisse être favorisé par l’emplacement d’une tombe. Outre l’exemple de Ben Laden, Luc Capdevila cite ainsi l’exemple de « l’incinération des corps des dirigeants nazis condamnés à mort par le tribunal international de Nuremberg, pendus puis incinérés, dont les cendres furent dispersées dans un affluent de l’Isar pour les mêmes raisons ».

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