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Discours au meeting de Besançon

jeudi 26 mars 2020 par Charles

mardi 24 janvier 2012
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Crédit p-hotos : Rémy Blang
Ah mes amis ! Savourez cet instant, gorgez-vous de lui, puisez toutes les forces dont vous avez besoin. D’ici, à cette tribune, que nous sommes fiers d’être des vôtres ! Cette belle salle, où l’on ne crie pas absurdement le nom d’un homme, où l’on n’oublie pas un seul instant que nous ne sommes pas là pour un candidat, mais pour une cause plus grande que nous, que nous avons reçue de ceux qui nous ont précédés. Gloire à nos drapeaux rouges ! Le rouge est revenu ! Je le dis, parce que j’ai trouvé récemment, dans une certaine salle, qu’il y avait beaucoup de blanc, et excessivement de bleu.
Mes amis, il faut puiser en nous-mêmes la force dont nous avons besoin pour affronter la dure tâche que nous avons choisie de mener. Voyez-vous, si j’avais eu un doute aujourd’hui, il aurait été dissipé par ce que j’ai vu. D’aucuns prétendent que la lutte de classes est une vieillerie, et qu’elle aurait disparu. Eh bien, je peux vous dire ceci : avec Pierre Laurent, aujourd’hui, la lutte de classes, nous l’avons rencontrée. Nous l’avons rencontrée à PSA, où, parce que nous venions, lui et moi, avec les drapeaux du Front de Gauche, ils ont décidé, sur les quatre jours de chômage technique qu’ils infligent aux ouvriers de l’usine de scooters, de leur en coller deux aujourd’hui, pour être sûrs qu’ils ne soient pas là ! Et après quoi, quand nous sommes allés à l’Alstom, à Belfort, on nous a d’abord accueillis avec beaucoup de courtoisie, et même une certaine élégance ; on nous a emmenés voir les machines que nous voulions voir, et les réalisations extraordinaires du savoir-faire ouvrier organisant ces turbines gigantesques de plus de quatre cents tonnes, que l’on voyait aménagées jusque dans le détail par les trous que l’on perce d’abord, et dans lesquels ensuite on ajuste les ailettes, travail de super-précision, d’artisanat ! Et pendant que nous étions là, admiratifs, de ces merveilles de l’intelligence humaine, se déployait un rideau de petits chefs qui venaient bloquer le passage, parce que les ouvriers de l’atelier des ailettes voulaient rencontrer leurs porte-parole ; et il a suffi qu’on leur fasse des gestes du doigt, comme on claque du fouet, pour les obliger à retourner ! Ce sont des adultes ! Ils sont, comme l’a dit le grand Jaurès, rois dans la Cité, mais dans l’usine on les a laissés comme serfs. Alors, voilà pourquoi, la lutte de classe, elle est là ! Et c’est nous qui portons la dignité des têtes dures, des révoltés, des insoumis, de ceux qui ne lâchent rien ! Je dédie notre soirée, la force que nous représentons tous ensemble, je la dédie aux courageux syndicalistes de la CGT et de la CFDT qui sont venus à notre rencontre, défiant les suivettes, les chouffeurs et tous ceux qui sont des dénonceurs, pour porter leurs bannières syndicales, et montrer qu’ils ne céderaient pas. Voilà à qui je dédie ce que nous sommes.
Camarades et amis, voici que vous n’êtes plus dispersés, vous n’êtes plus éparpillés, et, ce soir, le principal mérite vous revient, à vous, après ceux bien sûr qui se sont donné tant de peine pour réaliser cette soirée et vous en faire connaître l’invitation. Parce qu’en venant, comme vous venez de le faire, vous rassembler en si grand nombre, vous adressez un message terrible, dont il sera question dans toute la Franche Comté. Depuis combien d’années on n’avait vu cette salle remplie comme elle l’est ce soir, avec une telle énergie, avec une telle force ? Nous revoici, la gauche est de retour !
Cette soirée est joyeuse, et elle sera sérieuse. Je suis venu vous expliquer comment nous comptons nous y prendre. Je vous demande de m’écouter avec attention, pour pouvoir ensuite rapporter mes arguments aux autres, à ceux qui ne savent par quel bout ils doivent employer leur bulletin de vote la prochaine fois, pour prendre la bonne décision, conforme à l’intérêt général du pays et au grand nombre qui souffre, misère et galère.
Dans cette élection, vous aurez deux discours.
L’un qui vous dira que l’on a trop dépensé – et vous vous demandez bien quand est-ce que c’était pour vous ; que l’on a vécu au-dessus de ses moyens – et vous vous demanderez qui a vécu au-dessus de vos moyens. Ceux-là vont vous proposer, dans un concours de masochisme, de participer au prix du sang et des larmes. C’est à qui vous administrera les coups les plus rudes, et essaye de se faire passer pour courageux, parce qu’il vous saignera davantage que les autres ! Les voilà, comme je les ai décrits, rassemblés à vous dire : « Il faudra payer la dette », alors même que la moitié d’entre elle a été réalisée sous l’autorité directe et personnelle de Nicolas Sarkozy, quand il était ministre des Finances, puis quand il a participé aux divers gouvernements, et qu’enfin il a été président de la République ! Ils essaieront de vous effrayer, et de nombreuses personnes seront effrayées, qui ne comprennent rien à cette situation et sont mortes de peur.
Ce sera votre devoir de les rassurer, en leur disant que le pays n’a jamais été aussi riche de son histoire ; que pendant le temps où il faudrait payer cette dette – à supposer que nous la payions -, le pays, qui doit 1 700 milliards, en produira, pendant sept ans et trente-et-un jours, plus de 14 000 milliards. Quatorze mille milliards naîtront de votre travail ! Par conséquent, nous avons pour nous la confiance en nous. Et vous aurez, à côté de ceux qui vont chercher à faire peur, à abasourdir, à assommer pour que vous vous résigniez… vous aurez le deuxième parti pris. Et dans ce parti pris, il n’y a qu’un seul et unique bulletin de vote, celui qui vous est proposé par le Front de Gauche, car lui seul dit qu’il refuse absolument, totalement, de quelque manière que ce soit, l’austérité ! Et il vous propose, tout au contraire, la relance ! La relance, en commençant par augmenter ce qui compte, c’est-à-dire les salaires. Nous ne demandons pas l’aumône, nous ne demandons pas, comme ils le disent, « l’assistance ». Car, dans ce pays, il n’y a qu’une classe sociale qui est assistée : les riches ! Protégés, cajolés, encouragés, tricheurs, menteurs, voyous, cachant leur argent à l’étranger – où je les rattraperai très bientôt. Voilà ce qu’il en est.
Mais cette relance, mes amis, elle ne doit pas être aveugle. Nous avons deux tâches à accomplir. La première est de chasser le capitalisme, tel qu’il est aujourd’hui, la finance telle qu’elle est à présent, la chasser de l’entreprise pour pouvoir réorganiser la production de notre pays sur d’autres bases. Et la deuxième tâche que nous avons à accomplir, c’est de tirer toute la leçon de la grande crise que l’humanité tout entière affronte. Cette crise, c’est celle de l’écosystème humain. Nous devons non seulement nous libérer de la finance, mais nous devons en plus vaincre le productivisme. Il n’est pas question de recommencer à produire n’importe quoi, n’importe comment, dans n’importe quelles conditions ; et, quand les gens n’en ont pas besoin, de leur fabriquer des besoins par la publicité.
Regardez comment on va s’y prendre – c’est cela que j’ai besoin que vous entendiez et que vous puissiez répéter. Non, nous ne sommes pas, les monsieur, madame « y’a qu’à… faut qu’on… » La radicalité du Front de Gauche est une radicalité concrète, technique, argumentée, raisonnée. Je peux vous dire combien le programme du Front de Gauche rapporte – puisqu’on vient sans cesse me demander combien il coûte ! Il rapporte au total 195 milliards par an, c’est-à-dire les dix points qui sont passés des poches du travail à celles du capital au cours des trente dernières années. Voilà combien il rapporte. Et sur cette base, alors, on peut provoquer la grande circulation des moyens par l’augmentation du salaire, par l’augmentation des prestations sociales, par la réduction du temps de travail, sans perte de salaire, qui permet à l’économie de respirer de nouveau. Mais, pour cela, il nous faut d’abord extirper le cancer de la financiarisation, empêcher que tout ce qui est produit, et la richesse qui est mise en circulation, soit captée à un endroit et bloquée et empêchée de retourner dans la poche des uns et des autres de telle sorte qu’il y a de l’activité. Car lorsqu’on augmente le SMIC de 2 euros par heure, qu’est-ce que vous faites de ces deux euros ? Vous appelez votre banquier, votre conseiller financier…vous êtes moderne et flexible… Bien sûr que non. Bien sûr que non ! Cet argent, il ne va pas dans la bulle financière, il retourne dans toutes ces petites choses dont nous avons besoin pour les petits bonheurs de la vie et pour nous arracher à cette abjecte comptabilité quotidienne, qui fait qu’on doit se demander si l’on va se chauffer ou bien si l’on va se transporter ; si l’on va payer le loyer – mais comment ne pas le payer, car sinon vous êtes jetés dehors ! Ou bien si l’on va économiser, sur quoi ? Bref ! Tout le monde a le FMI à la maison aujourd’hui ! Et nous voulons l’en chasser – du pays et de la maison.
Regardez comment la finance entre partout, pour comprendre comment nous allons l’en arracher. Comment entre-t-elle ? Voyez cet exemple de PSA… Je pourrais vous en donner dix, mais, comme j’étais à PSA, je vous parle de PSA. Il se trouve que PSA a une stratégie mondiale, qu’il essaye d’aligner sur celle de ses concurrents comme Renault et les autres. Il s’agit pour eux, dorénavant, de transporter leurs sites de production (comme ils disent) pour les rapprocher des lieux de consommation – les voilà repeints en écolos ! Bien sûr, nous sommes d’accord pour que les centres de production soient rapprochés des lieux de consommation, nous en sommes tout à fait d’accord. Qu’on arrête de déménager tant de choses à travers le monde ! Mais alors, ça doit s’appliquer à nous aussi, non ? Quand même ! Alors nous disons ce que nous voyons. Comment se fait-il que trois véhicules Renault sur cinq qui sont vendus dans notre pays viennent de l’étranger, alors qu’ils sont utilisés ici ? Pour quelle raison Fralib va-t-il délocaliser sa production de thé en Pologne, alors que c’est en France que se vend le thé Éléphant, pour 85% du total ? La relocalisation de l’industrie, qui est un objectif écologique, doit procéder aussi en faveur de notre peuple. Voilà l’argument que vous devez donner, et non pas cette idiotie qui s’appelle je ne sais pas quoi, « consommer français »… Voilà tout ce qu’a trouvé Monsieur Bayrou, c’est aller coller des étiquettes ; et vous, vous allez aller dans les magasins, comparer un produit à l’autre pour savoir où est-ce qu’il y a un peu plus de français qu’ailleurs… Qu’est-ce que c’est que cette histoire ? On se fiche de nous ! Ce qu’il faut, c’est produire en France. Et il faut produire en France pour qu’on puisse produire proprement, et utilement.
Mais regardez donc PSA ! Il doit donc délocaliser son outil de production. Pour cela il lui faut emprunter de l’argent. Et maintenant, c’est là que vous allez apprendre des choses. Pour emprunter de l’argent, il met un titre en circulation, qui s’appelle une obligation. Pour que celui qui éventuellement l’achète sache à quel prix il l’achète, il faut qu’il y ait une note avec. Et voici les agences de notation qui arrivent ! La chose que vous ne savez peut-être pas, c’est que l’agence de notation, quand l’emprunt est fait, elle a une petite picorée pour elle. C’est-à-dire que, quand le titre n’est pas bon et qu’il vaut cher, la picorée est plus grosse pour elle. Vous avez tout compris. Ce n’est donc pas, comme le dit stupidement Mme Le Pen, un thermomètre. Elle n’a pas l’air de savoir comment on se sert d’un thermomètre, parce qu’en général, un thermomètre, c’est pour mesurer la fièvre, pas pour vous la coller ! Et c’est ce que sont les agences de notation. Donc, l’agence de notation arrive, et elle a dit à PSA : « Attention ! Nous ne sommes pas satisfait de votre profitabilité. (Pas : « de votre rentabilité »… elle est très bonne.) Vous ne donnez pas assez à vos actionnaires ; c’est donc que vous êtes en mauvaise santé ou que vous êtes mal géré. Donc nous vous menaçons de baisser la note. » Et aussitôt PSA décide de se couper un bras, une main, un pied – pour satisfaire cet appétit permanent qu’a le capital de voir sans cesse la part du travail être réduite – de manière à ce que les productions puissent être faites ailleurs. Voilà la garantie que PSA a donnée aux agences de notations et au grand capital. C’est bien à cause des actionnaires, c’est bien à cause du capitalisme, que ses usines sont délocalisées, et pour aucune autre raison que celle là !
Et, de la même manière, vous voyez que, ceux-là mêmes qui viennent à la télévision, avec leurs têtes très intelligentes, vous dire – en un seul mot – « laChine-l’Inde-leBrésil ! (parfois ils rajoutent ‘’le Mexique’’)… Ayez peur, braves gens ! C’est la compétition mondiale ! » Mais la compétition mondiale, c’est eux qui l’organisent, avec leurs usines qui sont délocalisées, par eux ! Par conséquent, ils vous mentent, d’un bout à l’autre de la chaîne, pour mieux vous tondre. Ce que je viens de vous raconter pour PSA, le même événement s’est produit pour ArcelorMittal. Le lundi, Arcelor signait, avec les travailleurs belges, un accord de développement de leur implantation en Belgique ; le mardi, Moody’s se prononçait et mettait sous surveillance la note d’ArcelorMittal ; le mercredi, ArcelorMittal fermait son entreprise en Belgique ! Il n’y a aucune raison matérielle, aucun problème lié à la production, au savoir-faire des ouvriers, à la qualité des produits ; c’est exclusivement la peur du fouet du grand capital qui soumet l’ensemble des compartiments de l’activité humaine. Et c’est cela que nous allons briser. Briser !
Voilà comment je voudrais qu’on s’y prenne, et comment le programme du Front de Gauche vous propose qu’on s’y prenne.
Premièrement : interdiction des stock-options. Plus question que le chef d’entreprise passe son temps à regarder toute la journée les cours de l’action, parce qu’il n’y a que ça qui l’intéresse ! Au lieu de s’intéresser au temps long de la production, qui permet de faire les investissements, d’avoir la patience d’attendre que les choses se passent, que les savoir-faire se soient accumulés. Et qu’on sorte de ce modèle absurde de gestion des entreprises, où elles doivent rendre des comptes à leurs actionnaires tous les trois mois ! Vous imaginez-vous ? Tous les trois mois ! Tous les trois mois, sous surveillance ! Quand il faut du temps, quand il faut de l’intelligence, du temps long, pour mener une grande industrie, avec des grands projets sur le long terme.
Deuxièmement : il faut que dans les entreprises cessent cette idée stupide que seule la cupidité peut mener le travail, et que ceux qui sont en haut ne sont jamais assez gavés. C’est pourquoi nous devons reprendre à notre compte la revendication de la Confédération européenne des syndicats, qui consiste à dire que, dans les entreprises, on arrête de s’en mettre plein les poches à un bout, et rien à l’autre. Il nous faut donc le salaire maximum, limité de 1 à 20, comme le propose la Confédération européenne des syndicats. Mes amis, je vais vous dire ce que ça veut dire. Le patron de PSA s’appelle Philippe Varin. Et j’ai une bonne nouvelle pour les ouvriers de PSA, si c’est le gouvernement du Front de Gauche. Philippe Varin s’est augmenté de 300% en 2010, par conséquent vous serez tous augmentés de 300% ! Moi je n’ai rien contre le fait que cet homme gagne 3 millions 300 000 euros. Véritablement, je n’ai rien contre, et je vais vous dire pourquoi : puisque, au-dessus de 360 000, je prends tout ! Par conséquent, il peut se mettre autant de zéros qu’il veut ! Oui, mais réfléchissez-y. 360 000 euros, ça fait quand même beaucoup d’argent ! Donc, ce n’est pas une blague. Ça veut dire qu’en France, tout n’est pas permis – dans la France du Front de Gauche. Non, on n’est pas d’accord. C’est un choix, il y en a d’autres qui peuvent être d’accord avec le contraire. Mais nous ne sommes pas d’accord pour que certains accumulent des sommes qui ne leur servent strictement à rien, sinon à les placer dans la bulle et à alimenter le flux de la spéculation. Notre choix est que nous ne le permettrons pas. Alors, on peut nous le refuser ; mais on peut aussi le vouloir, et il y a un bulletin de vote pour ça. Et si le bulletin de vote l’emporte, ça s’appliquera, de gré ou de force, par la loi. La bonne nouvelle pour l’ouvrier de PSA est la suivante : puisque le patron se paye inutilement 3 millions 300 000, et que je lui ai déjà tout pris au-delà de 360 000, j’ai une bonne nouvelle pour lui : c’est que, comme c’est de 1 à 20, quand le patron a 3 millions 300 000 euros, la paye la plus petite chez PSA sera de 13 750 euros par mois. Je pense qu’on n’aura pas de mal à recruter ! Mais, comme disent les syndicalistes du DGB allemand, ces gens-là ont réussi à trouver des ouvriers qui coûtent moins cher ; nous allons réussir à trouver des patrons qui coûtent beaucoup moins cher !
On m’a dit : « Si vous faites ça, ils vont s’en aller. » Au revoir ! Au revoir. Nous, on a l’habitude ! En 81, ils fichaient le camp avec les lingots. Vous me direz, le père Peugeot, il se les est fait voler dans sa salle de bain, lui ! Vous avez oublié l’histoire, vous ? Eh bien, oui ! Le Robert Peugeot, il s’est fait braquer cinquante mille euros en lingots d’or, qui étaient cachés dans la salle de bain. Faut pas être malin ! Et comme disaient les ouvriers de chez Peugeot : « De l’or pour le turbin, pas pour la salle de bain ! » C’est ça, l’humour ouvrier ! De toute façon, à chaque fois, ils se sauvent. Ça a commencé à la grande révolution de 1789 : ils étaient tous émigrés. Eh bien là, c’est pareil ! Mais, ce qu’ils ne savent pas, c’est que ça ne va pas être comme les autres fois. Parce que nous allons faire, nous, le rattrapage fiscal. Tant que vous êtes français, vous payez pour la France, et vous payez à proportion de ce que ce que vous avez. Et vous pouvez toujours aller en Suisse, parce que, moi, je vais aller m’expliquer avec les Suisses. Exactement comme l’ont fait les États-Unis d’Amérique et les autres pays. Et il y a une technique très simple. Vous savez, je suis député européen – c’est bien payé. (Dans la salle : « Combien ? ») Écoutez : nous, le groupe Front de Gauche, on a demandé au Parlement européen qu’on diminue de 25%. On n’a pas eu le temps de voter… ils s’étaient déjà voté une rallonge ! Alors on a dit : « Mais qu’est-ce que c’est que cette histoire ? » Ils ont dit : « Comme on a voté une rallonge, on ne vote pas le rabais. » Mes amis, je paie des impôts qui sont prélevés en Europe, là-bas, à Bruxelles ; et ensuite ma déclaration arrive au fisc français ; et le fisc français regarde, et il prend la différence de ce que je devrais donner en France si tout cet argent était en France. Vous avez compris ? Je recommence. Vous êtes dans un pays, vous payez des impôts dans ce pays – vous êtes d’ailleurs allé là-bas pour vous cacher. A ce moment-là, le fisc français vous dit : « Vous êtes français, combien avez-vous payé ? » Et il regarde ce que vous auriez payé pour la même somme, ici, en France. Et la différence : vous raquez ! C’est ce que font les États-Unis d’Amérique, ils prennent pays par pays. Eh bien, nous, c’est pareil. Français, tu paies ! Tu participes à la vie commune, aux biens communs. Où que tu sois dans le monde, tu participes à la seule communauté qui a une réalité, la communauté légale des citoyens, à proportion de tes moyens ! Et il y aura quatorze tranches ! Et à la dernière, oui, c’est la tranche Roosevelt, 90% ; et après, vous avez la tranche Mélenchon, 100%. Mes amis, quatorze tranches ! Et la dernière tranche, ça ne veut pas dire 100 % sur tout mais sur ce qui est au dessus de 360 000 euros. Pourquoi je vous dis : « quatorze tranches » ? Parce que j’ai entendu une chose très étrange, l’autre jour, sur les impôts ; j’ai entendu mon camarade François Hollande dire qu’il allait créer une dernière tranche à 45%. Je le félicite. Mais je lui signale qu’en 1981, la dernière tranche c’était 65%. (Je le dis à cause de la ressemblance qu’il cultive…) Et, sous Lionel Jospin, c’était 52%. Et, sous Monsieur Raffarin, 48%. Je pense que la gauche doit faire nettement mieux que la droite dans ce domaine – et pas moins.
Je vous ai dit – suivant le vieil adage « le poisson pourrit par la tête » – comment on peut rectifier les choses parmi ceux qui commandent. Mais maintenant, je veux entrer un peu plus dans le sujet : il faut changer le mode de gouvernance des entreprises. Et aussi dans les entreprises capitalistes. Car, bien sûr, personne n’a dit qu’avec le programme du Front de Gauche, à la fin de la mandature, toute propriété serait une propriété collective. Il faut donc s’occuper de la façon dont est organisée la propriété capitaliste. Ceux-là viennent assez souvent nous donner des leçons de responsabilité ; nous allons les responsabiliser. Voici comment. Pour que la finance ne trouve pas son compte dans la gestion d’une entreprise capitaliste, pour commencer, nous taxerons les revenus financiers des entreprises. Ça suffit, cette manière qu’ils ont de placer leur trésorerie et de masquer leurs mauvais résultats dans la production et dans la vente, en faisant des affaires avec l’argent de l’entreprise. La CGT a calculé que, si l’on taxait les revenus financiers de l’entreprise – c’est-à-dire cette part de sa richesse qu’elle va placer – cela rapporterait 20 milliards, que l’on pourrait mettre dans la caisse de la Sécurité Sociale, et notamment des régimes de retraite.
Deuxièmement, nous changerons les droits de vote à l’intérieur des conseils d’administration pour les capitalistes. Ceux qui placent leur argent sans dire pour quelle durée il est placé, leur droit de vote sera égal à zéro. Et, suivant la durée du placement consentie à l’avance, le droit de vote pourra être de 1, de 2 ou de 3. Si bien qu’entre les capitalistes nous récompenserons ceux qui laissent l’argent. Et d’ailleurs, pour les aider à bien réfléchir, nous constituerons, pour une part de l’investissement, un dépôt de garantie. Ce sont les Brésiliens qui ont inventé ça. Ça signifie que, quand quelqu’un place 1000, on considère, par exemple, qu’il y a 200 qui sont un dépôt de garantie. S’il s’en va avant l’heure, on garde. Ça aide à rester. Voilà les mesures qui concernent les capitalistes eux-mêmes.
Et puis, après, il y a ceux qui comptent, c’est à dire nous. Mes amis, il faut que vous le sachiez. Vous savez tous que les fonds de pension rôdent autour des biens fructueux que sont les entreprises ; et notamment les entreprises françaises, qui sont souvent très bien classées ; et notamment ces petites et moyennes entreprises, dont on nous rebat les oreilles. 700 000 propriétaires de telles entreprises vont partir à la retraite dans les 10 prochaines années. Qu’est ce qu’on fait ? Des discours ? Des phrases ? « Blabla, la petite entreprise… blabla, la très petite entreprise… Monsieur Mélenchon, vous n’y connaissez rien, vous ne vous occupez pas d’eux ! » Et cetera, et cetera. Ou bien, est-ce qu’on prend des mesures ?
Et la première des mesures consiste à dire ceci : la propriété sociale de l’entreprise est possible. Cela signifie que le Front de Gauche propose cette mesure : chaque fois qu’une entreprise est en vente ; ou bien chaque fois que le patron s’en va, abandonnant tout le monde ; ou bien chaque fois qu’une délocalisation se produit, qui revient à fermer l’entreprise ici… les travailleurs auront un droit de préemption. Comme la commune a un droit de préemption sur chaque bâtiment et chaque parcelle de terre qui se vend, les travailleurs auront un droit de préemption pour créer, s’ils en sont d’accord entre eux (je ne dis pas que ce sera dans tous les cas), une coopérative ouvrière de production. La propriété sociale des moyens de production, cela ne signifie pas forcément, toujours et dans tous les cas, la nationalisation. Je veux que vous le répétiez, camarades et amis, mes chers concitoyens : il y a dans le peuple le ressort d’intelligence, de savoir-faire, qui permet à tout ça de tourner sans eux. Comme l’a dit un sidérurgiste à Monsieur Mittal : « Vous ne savez pas faire d’acier sans nous. Mais nous, nous savons faire de l’acier sans vous ! Vous ne savez rien faire sans nous, mais nous savons tout faire sans vous ! »
Et en toute hypothèse, que l’on ait préempté ou non, que l’on soit dans une SCOP ou non, il faut que soient accrus les pouvoirs et les devoirs d’alerte des travailleurs. Les pouvoirs, cela signifie, dans l’entreprise, le droit de veto suspensif pour le comité d’entreprise lorsqu’il y a un licenciement économique dans une entreprise qui réalise des superbénéfices – c’est-à-dire en cas de licenciement boursier. Et qu’on ne vienne pas me dire qu’on ne sait pas ce qu’est un licenciement boursier ! Les licenciements boursiers, c’est ceux que sont en train de pratiquer aujourd’hui PSA, ArcelorMittal et les autres, qui font des superprofits et condamnent à la mort sociale, là où ils se trouvent, les ouvriers, les ouvrières, les salariés, et tout ce qui va autour. Oui, j’ai bien dit : tout ce qui va autour. Regardez !
Maintenant, nous voici rendus au troisième point de cette politique de réindustrialisation et d’élimination du capital financier de la production réelle. Nous avons à rassurer les productifs ; eux, ils veulent rassurer les marchés. Rassurer les productifs, cela signifie se donner les moyens que vous arrêtiez d’avoir peur du matin au soir ; que vous arrêtiez d’avoir peur pour la semaine suivante, pour le mois suivant, pour l’année suivante… A vous, enseignants embauchés avec une limite, qui fait qu’avant chaques vacances, vous ne savez pas où vous vous retrouverez à la rentrée ; à vous, travailleurs qui allez, d’un intérim à l’autre, d’une entreprise à l’autre, sans jamais avoir aucun autre horizon que la semaine qui vient ou qui commence. Assez de peur ! Assez d’incertitude ! Assez de précarité ! Le précariat, voilà ce qu’il faut éteindre dans notre pays. Écoutez-moi : la vie des êtres humains, depuis qu’ils sont des êtres humains, est une lutte contre la précarité. Mes amis, on a inventé l’élevage pour ne pas dépendre que de la chasse ; on a inventé l’agriculture pour ne pas dépendre que de la cueillette ; on a inventé la Cité, on a inventé la protection mutuelle pour sortir de la dépendance abjecte, de la nécessité de se défendre tout seul contre tous les autres. La lutte de l’humanité est une lutte contre la précarité. Et la phrase la plus stupide, la plus cruelle, la plus imbécile qu’ait jamais dit Madame Parisot, c’est d’avoir dit que, puisque l’amour est précaire, alors le travail peut l’être aussi. C’est que cette dame n’a aucune idée, ni sur le travail, ni sur l’amour ! Voici la mesure que prendra le Front de Gauche : il titularisera immédiatement les 800 000 précaires des trois fonctions publiques, d’État, des collectivités et des hôpitaux ! Nous le ferons sans détruire le statut de la Fonction publique, par le moyen d’un examen professionnel – je n’ai pas dit un concours. Je le dis pour les syndicalistes les plus avertis, qui m’ont déjà dit : précise bien ça, Mélenchon, parce que, sinon, ça veut dire qu’il n’y a plus de statut. Et, mes amis, non, ce n’est pas une mesure ruineuse. Car figurez-vous que ces gros malins pensaient faire des économies d’abord, et ensuite vous tenir tous à la gorge par le moyen du précariat, préparant le terrain pour que demain tout soit marchandisé, en particulier que les enseignants, devenus tous précaires, dépendent du chef d’établissement qui les recruterait suivant ses envies, comme ça se passe aujourd’hui dans les universités… Voilà pourquoi ils vous ont précarisés ! Ils pensaient qu’ils allaient faire des économies, et c’est tout le contraire : la précarité coûte plus cher que ne coûte la stabilité. Non seulement économiquement et financièrement, mais bien sûr d’abord sur le plan humain. Bougres d’imbéciles ! Figurez-vous que les gens qui ont peur travaillent moins bien que ceux qui n’ont pas peur ! Que tout le monde aime son métier, son travail. Tout le monde aime bien faire sa besogne, il n’y a pas besoin de nous filer des coups de fouet pour nous convaincre d’agir et de bien faire la besogne qui nous revient ! Le management par la peur est une imbécillité sur laquelle il faut revenir, si l’on veut élever le niveau de ce qui se passe dans nos entreprises. Et puis, nous interdirons – vous m’entendez ? – nous interdirons le recours au travail précaire. Cela s’est déjà fait dans ce pays, quand le contrat à durée indéterminée était le contrat ordinaire, et que, le contrat à durée déterminée et l’intérim, on les appelait « contrats atypiques », du temps que j’étais un jeune homme ; mais maintenant, voilà que l’atypique est la règle, et que c’est le contrat à durée indéterminée qui est devenu l’exception ! Qu’est-ce que c’est que cette histoire ? Il sera interdit d’employer dans une grande entreprise plus de 5% d’intérimaires ou de CDD et, dans une petite, plus de 10%. Ça suffit !
Je vous ai dit comment nous allons nous y prendre pour arracher la finance de l’entreprise. Maintenant, ce discours ne vaudrait rien si je ne vous disais au moins quelques traits de notre tâche essentielle. Nous sommes des êtres humains avant toute chose, semblables à tous les autres, et c’est la raison pour laquelle nous devons prendre sur notre dos la part qui nous revient de l’intérêt général de l’humanité. Et donc, nous devons nous préoccuper d’arracher le productivisme de l’économie française. Parce que nous en sommes capables, parce que nous avons les outils de production, parce que nous avons la main d’œuvre hautement qualifiée qui le permet, il faut en venir au grand projet du Front de Gauche : c’est la planification écologique, c’est-à-dire prévoir sur le long terme.
Alors, il va falloir, tous, que vous changiez dans vos têtes vos manières de voir. Et je dis à quelques-uns de mes meilleurs amis : l’écologie, ce n’est pas le contraire de la production industrielle. L’écologie, ce n’est pas le contraire du progrès. C’est l’inverse. Le progrès écologique, le progrès social, est la condition du progrès général de l’humanité. Je vais vous donner un seul – ou deux exemples.
Je vous ai déjà dit : si vous avez la bonne paye, qu’est-ce que vous commencerez par faire ? Eh bien, évidemment, vous commencerez d’abord par mettre la bonne table, parce que vous pensez à vos proches, à vos enfants, et vous chercherez d’abord le bien-manger. Pourquoi est-ce qu’il faut qu’il y ait du bien-manger pour les uns, et le reste pour les autres ? Pourquoi il y aurait une agriculture biologique pour ceux qui peuvent, et pour les autres, « débrouillez-vous, chopez-vous les épidémies d’obésité qui viennent des lobbies du sel et du sucre » ? Pourquoi est-ce qu’il y aurait un manger pour les pauvres et un manger pour les riches ?
Bref, quand on augmente vos salaires, amis, camarades, vous irez et vous achèterez ces produits. Et ces produits, ce sont les résultats de l’agriculture paysanne, qui absorbe davantage de main-d’œuvre et qui donc coûte plus cher. Quand vous êtes mieux payés, ouvriers, alors vous pouvez mieux payer le paysan. Et si vous payez mieux le paysan, il fera une meilleure production, et elle sera écologique. Voilà pourquoi l’augmentation du SMIC, c’est une décision écologique.
Nous sommes capables, en relocalisant l’activité industrielle par préoccupation écologique, d’apporter notre contribution au développement de l’humanité.
Regardez ces imbéciles, à PSA, qui ont décidé que la moitié des réductions d’emploi qu’ils font dans cette entreprise sera la suppression de postes des ingénieurs qui sont engagés dans le travail de recherche et développement ! Mes amis, mes chers concitoyens, nous savons tous que nous sommes en train d’atteindre la limite de la civilisation du pétrole et du carbone. Il faut donc passer à un autre mode d’utilisation de l’énergie. C’est pourquoi le Front de Gauche commence par vous dire qu’il faut sortir des énergies carbonées. Mais, si nous voulons passer à la voiture de demain, il nous faudra cette capacité de recherche !
Je m’adresse aux ingénieurs, je m’adresse aux techniciens supérieurs, je leur dis : pendant combien d’années vous y avez cru ? Parce que vous étiez les premiers de la classe (tant mieux pour vous, on est contents) ; parce que vous étiez ceux qui vous préoccupiez d’abord de l’efficacité du travail et vous ne vous préoccupiez pas de ce qui se passait avec les ouvriers et avec la syndicalisation (pour la plupart d’entre vous, je ne dis pas tous, bien sûr, il y en avaient qui se syndiquaient, et il y en a encore qui se syndiquent.) Mais maintenant je dis : regardez ce gâchis, regardez cette pagaille, regardez comment votre travail est ruiné par des gens qui ne s’occupent que d’une seule et unique chose : comment tondre davantage l’ouvrier ! Ralliez nos bannières ! C’est du côté des rouges que sont votre belle perception du futur, vos belles inventions, votre belle qualité de travail. »
C’est pourquoi il faut réquisitionner, chaque fois qu’ils essayent de s’échapper. Nous avons besoin qu’on laisse M-Real, entreprise de papeterie, ouverte. Nous ne permettrons pas qu’elle soit saccagée, parce que c’est une des seules entreprises de fabrication de pâte à papier que nous avons dans ce pays, et nous ne devons pas la laisser partir. Nous devons réquisitionner les raffineries qui veulent fermer, parce que notre pays a besoin de raffineries, et notamment pour tous les produits de la chaîne chimique – même quand on veut sortir des énergies carbonées.
Il faut maintenant que nous les menacions. Je vous préviens ! Lorsque le Front de Gauche dirigera ce pays, l’article 410-1 du Code pénal – qui n’a pas encore de mesures d’application, on devine pourquoi ! – prévoit que ceux qui conspirent contre les intérêts fondamentaux de la Nation en matière économique, environnementale ou financière seront pourchassés, et passibles de peines de prison et d’amendes. Je vous préviens : si vous conspirez avec des fonds de pension, vous relevez du Code pénal ! Si vous conspirez avec des gens qui décident de fermer, comme cela a été le cas à la Célanèse, l’unique usine d’acide acétique du pays, vous serez pourchassés ! Si vous laissez fermer la seule usine qui produit de l’insuline dans notre pays, vous serez pourchassés ! Je ne laisserai pas faire, je réquisitionnerai ! De la même manière que je ne laisserai pas que le paracétamol, qui est une molécule de base dont vous vous êtes tous servi dans votre vie… il n’y en a plus une seule usine dans notre pays ! Tout est en Chine, si bien que vous serez dépendants pour tout, y compris pour vos maux de tête, de l’importation. C’est absurde ! Il faut garder notre capacité d’être autonomes. Ce n’est pas du nationalisme que de le dire ; c’est de l’intelligence écologique que d’arrêter de déménager le monde pour aller aux endroits où ça coûte le moins cher.
Voilà, j’ai voulu vous dire tout ça, et maintenant j’en viens à d’autres sujets. Parce que vous m’avez déjà attrapé à la porte : et les journalistes par-ci, et les journalistes par-là… et qu’est-ce que je pense du discours du Bourget ? Et vous tous, je vous connais : « Qu’est-ce qu’il va dire ? » Parce que vous voulez de l’unité – moi aussi –, mais vous ne voulez pas que je me laisse endormir. Donc, comment je fais ? Je vous dis la vérité. J’essaye de le faire avec humour, parce que je ne veux rien braquer, je ne veux rien détruire, je ne veux rien gâcher, je ne veux rien empêcher du rassemblement sans lequel la gauche ne peut l’emporter. Mais je ne veux pas vous raconter d’histoires. Je ne le ferai pas, et personne ne le fera sans le Front de Gauche ! Si amère que soit la vérité, il faut l’entendre, et c’est parfois le meilleur moyen de commencer à la régler.
Je n’ai qu’une chose à dire : lorsque François nous dit que son adversaire est la finance, nous lui disons, Pierre, Clémentine et moi : « Bienvenue au club ! On se sent moins seuls. » Mais c’est que, nous, on connaît la bête ! Mes amis, on ne combat pas la finance, c’est-à-dire le capitalisme de notre époque, avec un pistolet à bouchon. Quand on prend des mesures pour affronter la finance, ce doit être des mesures sérieuses, réfléchies, approfondies, qui ne se limitent pas à quelques bons mots sur le sujet. Je vous ai montré tout à l’heure, et j’ai commencé par ça, comment on peut s’attaquer à la finance dans notre pays, comment il faut l’arracher du sol productif. Je vous l’ai montré concrètement. Eh bien, je n’ai qu’une chose à vous dire : c’est votre devoir de citoyens éclairés de vous renseigner. Et je sais que vous n’en resterez pas à la musique : vous écoutez les paroles, et vous aimez bien que les paroles ne soient pas que des paroles.
Vous devez approfondir le sujet, vous devez examiner, vous devez comparer. Parce que, mes amis, si vous ne le faites pas, ne venez pas ensuite dire que vous n’aviez pas prévu que Papandréou capitulerait en vingt-quatre heures, alors qu’il était président de l’Internationale socialiste et premier ministre de son pays ; et qu’en ouvrant la brèche en Grèce, il l’a ouverte sur tout le continent. Non, ne le huons pas. On réfléchit, à cet instant. Pas de cris, rien qui aggrave les choses, rien que de la réflexion, de l’argument, de la froide détermination, du courage que l’on rassemble en soi, non pas par détestation ni par mépris pour les autres, mais parce qu’on est conscient, lucide, et qu’on sait que ce qu’on est en train de faire, ce n’est pas un jeu, ce n’est pas un plan de carrière : c’est porter la patrie des Français au plus haut de la révolution dont elle a besoin pour se débarrasser du Capital, pour faire face aux besoins de notre temps, pour répondre à ses devoirs à l’égard de l’humanité.
François, tu dis que tu ne sais pas quelle est l’adresse de la finance. Eh bien, je vais te le dire, parce que j’y suis allé avec Pierre Laurent trois soirs de suite : Standard and Poor’s, 40 rue de Courcelles. Il n’est pas interdit d’y retourner. Et, si jamais tu manques d’information, tu n’as qu’à demander à ton ami Jean-Pierre Jouyet, l’ancien ministre de Sarkozy, patron de l’Autorité des marchés financiers, qui a eu le culot de nous expliquer que les agences de notation ont fait preuve de beaucoup de patience et de responsabilité. Ce n’est pas notre avis.
Oui ! La finance a un visage, et elle a des adresses. La finance a un visage, c’est celui de Goldman Sachs, qui a placé ses hommes à la tête de la Grèce, qui a placé ses hommes à la tête de la Banque centrale européenne. Celui-là même qui truquait les comptes de la Grèce, est maintenant le Banquier central : c’est Mario Draghi, le dragon. Ce n’est pas pour rien. Voilà où nous en sommes, mes amis. La Banque centrale, qui refuse à nos pays les prêts à 1%, comme l’a dit tout à l’heure Pierre Laurent, est dirigée par un voyou qui a truqué les comptes dans un pays, et qui a ensuite abandonné sa patrie pour la livrer à la finance, poussant au saccage. Et dans un instant je vous dirai ce qui me semble le pire. Voilà ce que j’ai à dire.
Pourquoi vous parlais-je de cette manière ? Parce que, dans ce pays, une immense colère gronde. Et que personne ne sait de quel côté elle va aller. Et que nous, quand nous avons relevé le drapeau du Front de Gauche, quand nous avons commencé à nous rassembler, nous avons ouvert un chemin. Mais nous savons très bien quels sont les dégâts qui ont été faits, quel scepticisme nous entoure, combien parlent d’abstention, combien renvoient tout le monde dos à dos, combien sont écœurés et prêts parfois à faire n’importe quoi, y compris les plus grosses bêtises – voter contre leur classe. C’est avec sérieux qu’il faut répondre aux problèmes. Par des choses concrètes, pas par des mouvements de bras. Quand on dit qu’on s’attaque à la finance, ce n’est pas avec un sabre de bois. C’est avec une hache qu’il faut le faire ! Parce qu’eux ne vous feront pas de quartier.
Et voilà pourquoi je vous dis ces choses. Sinon, c’est la madame qui va ramasser la mise. Et vous savez pourquoi ? Pas à cause de vous, qui faites ce que vous pouvez. Pas à cause des syndicalistes, qui se sont mis en mouvement et qui commencent à expliquer – je pense à la campagne que fait la CGT, à celle que fait Solidaires (d’autres peut-être les font aussi), pour expliquer aux travailleurs autour d’eux pourquoi le Front National est une mystification et une imposture. Mais il ne faut pas se cacher les dégâts qui ont été faits, dès lors que Nicolas Sarkozy a levé la digue entre la droite et l’extrême-droite ; qu’ils ont inventé cette pouillerie qui s’appelle la droite populaire, qui est l’espèce de boîte à ordures de la droite, qui vomit sur les travailleurs des idées nauséabondes, des incitations à la lutte les uns contre les autres. Quand ils ont levé cette digue, alors tous ceux qui n’étaient déjà pas bien malins le sont devenus encore moins, et sont passés tout en paquet du côté du Front National, créant une dynamique qui réjouit les belles personnes qui, comme leurs ancêtres avant eux – peut-être qu’ils ne le savent pas – disent encore maintenant, comme alors : « Plutôt Hitler que le Front Populaire. »
Regardez-les ! Pas seulement ceux qui nous accablent sur le terrain. Regardez les voyous parfumés qui, du matin au soir, vous prennent la tête et se disent : « Madame Le Pen représente les ouvriers ! » Et, comme l’a dit Pierre tout à l’heure, la classe ouvrière a deux abominations : ou bien être invisible ; ou bien être insultée, méprisée et assignée à résidence politique chez la madame Le Pen, qui ne la représente d’aucune manière !
Camarades, amis, travailleurs, redressez la tête. Cette fois-ci, le Front de Gauche vous lance la consigne : nous allons Front contre Front. Nous allons reprendre le terrain, mètre par mètre. C’est-à-dire tête par tête. Avec des arguments. Un par un ! Voilà votre tâche, à chacun d’entre vous. Vous allez le faire avec des arguments, avec la lumière de la raison. Et vous direz au camarade : « Ballot que tu es, tu crois n’importe quoi ! » Elle leur a dit : « Je vais vous donner 200 euros. » Et vous en avez plein qui disent : « Ah ! Quelle bonne idée ! » Mais d’où ils viennent, les 200 euros ? Vous le savez ? De vos propres cotisations sociales, benêts ! L’argent qui est déjà à vous, qui sert à payer vos cotisations sociales, elle dit : « On va vous le donner en salaire. » Ça ne coûte pas 1 euro au Capital. Voilà ce qu’elle est, le chien de garde ! Elle vous jette des os qui sont déjà les vôtres. Bref, elle vous prend votre montre pour vous donner l’heure. Voilà ce qu’elle fait avec ses 200 euros. Mais qui va les payer ? Vous allez les payer ! Parce que la loi prévoit que, pour 1 euro d’allègement de cotisations sociales, c’est le budget de l’État qui doit compenser. Ça signifie que, ce qu’elle vous aura donné d’une main, elle vous le reprend de l’autre. Voilà ce que sont les merveilleux 200 euros de cette femme, qui est une imposture ambulante. Et lorsqu’on parle du SMIC, mes amis, dites-le aux travailleurs : nous, nous proposons l’augmentation du SMIC ; elle vous a proposé 200 euros qui étaient à vous. J’ai oublié de vous dire qu’avec cette trouvaille, elle double le déficit de la Sécurité Sociale. Une paille !
Voilà qu’aujourd’hui, au club Ethic de Madame Sophie de Menton, on lui a posé une question sur le SMIC. Et vous allez voir ce qu’elle a répondu – comme ça, vous êtes fixés, vous ne pourrez pas dire, après, qu’elle s’occupe des ouvriers. En réalité, vous savez ce qu’ils font ? C’est qu’ils vous méprisent tellement qu’ils se disent : « Ils sont tellement bêtes ! Elle est proche d’eux parce que, elle, elle sait leur parler », comme a dit un sociologue à la radio l’autre soir : « Mélenchon, il est très bien, il n’a qu’un défaut ; s’il voulait faire mieux, il devrait être davantage xénophobe. » Ben voyons ! Parce qu’ils pensent que l’ouvrier, l’ouvrière, le salarié, l’employé… la seule chose qui l’intéresse dans la vie, c’est de se faire les arabes. Il y en a qui se trompent d’endroit ; c’est pas le problème, dans ce pays. Et alors donc, ils pensent que vous, c’est votre préoccupation. D’ailleurs elle est là pour ça, pour vous expliquer que le problème, c’est l’immigré, pas le banquier. C’est ça, le travail qu’elle fait, elle n’est là que pour ça. Alors, on lui a posé la question du SMIC, et voilà ce qu’elle a répondu : « Je ne crois pas à une augmentation du SMIC.. » Tu as entendu ? Voilà, tu peux aller te rhabiller ! « Je ne crois pas à une augmentation du SMIC qui repose sur l’entreprise. » Ah ! C’est Madame Parisot qui est contente ! « Je ne crois pas à une augmentation du SMIC qui repose sur l’entreprise. C’est pourquoi l’État assumera la hausse du pouvoir d’achat. » Qu’est-ce que ça peut bien vouloir dire ? C’est l’État… mais qui c’est, l’État ? Autrement dit, eh oui, nous allons nous payer nous-mêmes l’augmentation du SMIC ! Mais qu’est-ce que c’est que cette histoire ? Voilà la trouvaille de la grande représentante des ouvriers et des ouvrières ! Voilà ce que c’est ! Allez le dire à ceux qui en veulent. Alors que les ouvriers, eux, les ouvrières, les salariés… ils s’intéressent au SMIC, c’est-à-dire à la paye. Ils ne mendient pas, ils demandent, par le rapport de force de classe, qu’on augmente leurs payes.
Mais je n’ai pas l’intention de contourner la question de l’immigration, dussé-je vous lasser. Ne cédez pas ! Nous ne sommes pas d’accord pour dire que les problèmes de notre pays résultent de l’immigration. Ce n’est pas vrai. Ce n’est pas vrai ! Déjà, dans ce pays, on a essayé de faire cette idiotie qu’elle a expliquée. Elle a dit, pour faire bien dans un meeting, et elle a écrit : « Nous demandons l’expulsion immédiate des clandestins ! » L’expulsion immédiate des clandestins ! Il n’y a qu’un problème, c’est que justement, comme ils sont clandestins… Mais je vais y venir. J’ai commencé une phrase, il faut que je la finisse, pour que vous la mettiez dans votre musette pour expliquer aux autres. On a déjà, dans ce pays, jeté dehors, entre 1931 et 1935, 700 000 immigrés. Que s’est-il passé ? Est-ce qu’aussitôt on a vu que des gens prenaient la place que l’immigré leur avait volée auparavant ? Non ! Mes chers concitoyens, Mesdames et Messieurs, le chômage a augmenté de près de 50% tout aussitôt. Pourquoi ? Parce que tous ces gens qui sont là, ils travaillent, ils cotisent. Et quand elle dit qu’ils coûtent 70 milliards au pays, elle ment, pour vous appeler à une guerre qui n’est pas la vôtre, contre les immigrés. Elle ment. Les immigrés reçoivent 48 milliards de prestations sociales, et ils cotisent pour 60 milliards. C’est-à-dire qu’ils laissent à tous les autres 12 milliards de cotisations ! Alors, Madame Le Pen ? A supposer que, pour expulser de France les centaines de milliers d’immigrés qui s’y trouvent selon vous, on arrive à retenir les 3 000 airbus qu’il faut pour les transporter (à condition qu’ils aillent tous dans la même direction !) Que l’on fasse la bêtise – sachant qu’on en attrape 25 000 par an et qu’on augmente la quantité, parce que, ceux qui avaient des papiers, on ne les leur renouvelle pas – de passer 10 ans à leur courir après… Mais supposez qu’on parvienne à le faire. Alors, Madame, où on trouve les 12 milliards que couteraient ces expulsions ? Et je ne vous parle que de chiffres.
Mais maintenant je vais vous parler la voix du cœur. Nous sommes semblables. Ceux qui sont là, nous avons fait ensemble notre vie. Nos enfants sont allés à l’école ensemble. Nos enfants sont tous français, ils sont tous aussi beaux les uns que les autres ! Nous ne faisons pas le tri entre eux, nous les aimons tous ! Nous sommes le peuple record d’Europe des mariages mixtes ! Parce que le travailleur dans son village, au bled, ne compare pas le droit social des différents pays avant de partir ; parce que, quand il part, il a surtout peur, il ne sait pas comment il va faire pour arriver à destination ; parce qu’il s’arrache à tous les petits bonheurs de la vie que sont d’être en famille, les odeurs, les paysages… Tout ça est perdu. Il ne compare pas. Eh bien, une fois qu’il est là, une fois qu’il vit avec nous, il faudrait, nous, que nous soyons ceux qui lui disent : « Ici, c’est la croisade permanente ! Dehors ! Partez ! » Et on oublie qu’on a ensemble des enfants, des petits-enfants, des tontons, des tatas… bref, la vie ! Eh bien, nous, nous sommes le Front de la vie contre ces gens de mort qui veulent la division et la haine ! Nous sommes fiers de ça !
Et moi qui vous parle, fils, petit-fils d’immigré et de pied-noir, adopté par la belle Franche-Comté qui ne m’a jamais demandé d’où je venais, et qui m’a adopté et donné ma chance dans la vie et qui m’a permis d’avoir l’honneur d’être devant vous ce soir, je dis à cette bande de salopards : « Vous ne recommencerez pas, ici, la guerre que vous avez déjà menée là-bas et qu’on a déjà perdue à cause de votre bêtise, de votre stupidité, de votre cruauté ! Le Pen, père, fille, petite-fille, exploiteurs permanents familiaux qui ne comprenez rien à la vie, au bonheur qu’il y a à être ensemble, vous n’y avez jamais rien compris là-bas, vous n’y comprenez rien ici ! Fichez le camp ! Si quelqu’un doit partir, c’est plutôt vous que nous ! »
Donc, après que la madame ait dit que c’était l’État qui devait payer les augmentations de salaires, aussitôt un dirigeant de l’UIMM – vous savez, le syndicat des patrons le plus dur, la métallurgie – cité dans le journal « Challenges » a dit : « C’est une proposition très alléchante ! » Eh bien voilà, benêt ! Va te faire représenter en tant qu’ouvrier par une lèche-bottes des patrons comme celle-là !
Je termine avec la cerise sur le gâteau pour cette brave dame. Il paraît qu’elle est « antisystème ». Son père combattait la bande des quatre ; elle, elle y participe. Et ses amis de « l’antisystème » ? Ils gouvernent en Grèce. Il y a l’extrême-droite en Grèce au gouvernement. Honte à ceux qui gouvernent avec eux ! C’est-à-dire à la droite et aux socialistes, qui ont accepté de constituer un gouvernement avec eux. Ah ! Ils ne s’en vantent pas ! En Grèce, le parti frère du Front National, le LAOS, participe au gouvernement Papademos mis en place par le FMI et la Commission européenne. Le nouveau ministre grec des transports s’appelle Monsieur Makis Voridis. C’est un grand ami du Front National et, lorsqu’il est entré au gouvernement, un membre du comité central du Front National, Pierre Cheynet a tweeté : « L’entrée de notre ami Makis Voridis au gouvernement grec est une excellente nouvelle ! » Ils se connaissent bien, il a participé au dernier congrès du FN, et Monsieur Jean Marie Le Pen a assisté à son mariage. Une affaire de famille, en quelque sorte.
Voilà ce que sont les chiens de garde du Capital ! Lorsque, pour finir, un peuple est mis à genoux, eh bien le chien a le droit de monter sur la table. Il est invité au banquet. Voilà ce qu’ils sont, rien d’autre que ça. Rien d’autre que ça ! Et quand elle me dit que, moi, je serais un homme du système parce que j’ai participé à la Gauche unie, eh bien je lui dis que j’en suis fier ! Parce que, elle, elle n’a jamais servi à rien pendant 40 ans, si ce n’est à fiche de la haine dans le pays. Tandis que moi… avec lui, avec elle, avec vous, dans cette salle, il y a 40 ans de cela, nous étions en train de nous battre pour le Programme commun ! Et nous, nous avons fait la retraite à 60 ans ! Nous, nous avons fait la 5ème semaine de congés payés ! Nous, nous avons fait l’abolition de la peine de mort ! Nous, nous avons fait les 35 heures ! Nous, nous avons fait l’allocation aux personnes âgées ! Nous, nous avons fait la CMU ! Voilà ce que nous avons fait, pendant que ces bons à rien passaient leur temps à nous insulter et à nous jeter des pierres ! On a fait des bêtises – que celui qui n’en a jamais fait jette la première pierre ! Oui, on a fait des bêtises, mais nous voici de nouveau au travail, nous voici à pied d’œuvre, nous voici avec nos drapeaux, prêts à repartir, déjà en mouvement !
Le Front de Gauche est là, vous n’êtes plus seuls, vous avez puisé de l’énergie en lui. Prenez parti, mes amis, mes camarades ! Jeunes gens, l’un d’entre vous, dans cette salle, a l’âge que j’avais quand j’y suis entré pour la première fois et qu’à la tribune parlaient des orateurs du Programme commun ; l’un d’entre vous, l’une d’entre vous, à son tour, le moment venu, fera, comme moi-même j’en avais fait le serment devant moi-même, acte, pour toujours, d’adhésion à la grande cause de la gauche, de l’égalité, la flamme de la chaleur du drapeau rouge pour ceux qui marchent comme dans un univers d’hiver perpétuel ou trop long. Oui, le beau drapeau rouge, celui de la ferveur, celui du rassemblement, celui de la fraternité que nous incarnons, de gens que rien ne fera céder et qui reprendront dix fois la besogne s’il le faut, cent fois, mille fois, sans cesse, sans trêve, jusqu’à ce que tombent les barrières qui sont dressées en face de nous.
Le Front de Gauche est le front du peuple ! Il était, d’abord, un front d’organisations ; il est en train de devenir tout autre chose. Ah, comme je suis frappé de voir maintenant, partout où je passe, partout où l’on se rassemble, que vous soyez si nombreux ! Je ne le prends pas pour ma personne, je sais très bien où vous en êtes, je sais que vous n’avez aucun culte de la personnalité – et si jamais vous en aviez vous tombez mal avec moi, j’en veux pas ! Je le sais, tout ça. Je sais que vous êtes là pour des idées, pour cette cause qui nous rassemble. Regardez-vous bien, regardez comme vous êtes nombreux, forts ! Ne baissez plus jamais les yeux, ne vous laissez plus intimider par qui que ce soit sur la scène politique. Notre drapeau est de nouveau déployé. Ardents au combat, je vous appelle à faire à nouveau en vous-même ce serment : on ne lâche rien. On ne lâche rien ! On ne lâchera jamais rien ! Je dis aux belles personnes : « Puisque vous avez voulu nous empêcher de rêver, nous allons vous empêcher de dormir. » Voilà ce qui va se passer au fil de notre action. Mes amis, mes camarades, quand je vois, dans nos réunions, venir tant de syndicalistes, je sais qu’un déclic s’est fait ; un fossé, qui existait hier entre l’action politique et l’action syndicale, est en train de se combler. Naturellement, les syndicalistes sont dans leur rôle. Ils rassemblent tout le monde, quelles que soient les appartenances politiques, quelles que soient les religions. Mais je vois nombre d’entre vous venir à la rescousse et nous aider dans l’effort que nous allons faire d’ici aux mois d’avril et de mai prochains pour rassembler autour du Front de Gauche !
Mes amis, vous avez vu ce qui se passait. Quand on était à 5%, on nous méprisait – y compris à gauche. Quand on est arrivés à 7%, les voilà qui découvrent qu’il faut faire la guerre à la finance. Quand on sera à 15%, ils dénonceront le capitalisme. Et quand on sera à 51%, ils annonceront qu’ils rejoignent notre candidat ! Je m’adresse à vous tous, que vous soyez ou non organisés politiquement. Je n’ai pas tenu devant vous le langage de la démagogie ou de l’à-peu-près ; j’ai essayé d’être aussi précis qu’on pouvait l’être, en expliquant tout ce qui devait l’être, car nous ne faisons pas des meetings pour éblouir, abasourdir, assommer ceux qui écoutent, mais pour instruire et élever le niveau de conscience politique de chacun d’entre vous, pour qu’à votre tour vous soyez les instituteurs du peuple. Militants communistes, militants trotskistes, altermondialistes, syndicalistes, militants socialistes, je suis votre candidat commun à tous parce que je porte devant vous tous la parole de liberté, la parole d’égalité, la parole de fraternité, qui va jusqu’au bout. Jusqu’au bout !
J’achève. On est à Besançon – Besac,- ma belle ville universitaire ! Et c’est la ville de Victor Hugo. Vous en aurez à tous les meetings, et ça vient presque toujours des Misérables. Vous savez, les Misérables, c’est le plus beau roman populiste qui ait jamais été écrit ; il a été traduit en espagnol par Chavez, pour qu’il soit distribué à tout le monde. C’est une leçon d’humanité, c’est une leçon qui dit, entre autres choses, que tous ceux qui tombent peuvent se relever ; que chacun d’entre nous peut se grandir par la lumière de l’amour qu’il donne aux autres, du dévouement qu’il a pour la cause, de ce qu’il partage et non de ce qu’il s’approprie. Écoutez ce que dit le grand poète – c’est de vous dont il est question : « Le plus excellent symbole du peuple, c’est le pavé. On lui marche dessus, jusqu’à ce qu’il vous tombe sur la tête. »


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