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À New York, « on se croirait dans un film de science-fiction »

jeudi 2 avril 2020 par Charles

La métropole devenue l’épicentre du Covid-19 aux États-Unis s’adapte à une nouvelle réalité, entre la mort invisible et l’envie de continuer à vivre. Par Alexis Buisson, à New York

International

Publié le 01/04/2020 à 09:34 | Le Point.fr

La 42e rue de New York à l’heure de l’épidémie de Covid-19. © KENA BETANCUR / AFP
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« C’est complètement irréel. » Gigi, un New-Yorkais de passage à Times Square mardi 31 mars, est sous le choc. Portable dans la main droite, masque dans la main gauche, il contemple le « carrefour du monde », presque vide. Seuls quelques curieux déambulent dans la place d’ordinaire bondée, que les New-Yorkais eux-mêmes prennent soin d’éviter en temps normal. Tout autour, ses légendaires écrans lumineux continuent de briller de mille feux, mais certains font la publicité de comédies musicales que personne ne peut voir pour cause de fermeture des théâtres de Broadway.
Sur d’autres, les pubs pour les bureaux de coworking succèdent aux messages d’encouragement pour le personnel soignant. « Se tenir à l’écart des autres est le meilleur moyen de rester unis », peut-on lire sur un écran. « Il y a encore trois semaines, Times Square était plein de gens, poursuit Gigi. On ne pouvait pas marcher. Maintenant, tout est fermé, sans vie. C’est comme si toute l’humanité avait disparu du jour au lendemain. »

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« Incompréhensible », « absurde », « traumatisant » sont quelques-uns des adjectifs qui viennent en tête pour décrire ce que les New-Yorkais vivent depuis quelques jours. Leur ville, une mégapole bouillonnante devenue l’épicentre américain du Covid-19, a été radicalement transformée par le virus. Aux commerces et musées fermés se sont ajoutées les morgues, installées à l’extérieur des hôpitaux pour entreposer les corps.

À Central Park, un hôpital de campagne
Le palais des congrès Jacob Javits Center, qui accueillait encore il y a quatre semaines le salon du vin Vinexpo, a été transformé en un grand hôpital doté de 1 200 lits. Un hôpital de campagne a été dressé à Central Park, dans un coin d’ordinaire réservé aux pique-niques. D’autres sont en train d’être montés, dont un sur le site de l’US Open de tennis de Flushing Meadows, dans le Queens.
Lundi, après que 130 000 masques envoyés par la Chine sont arrivés à l’aéroport JFK, le gigantesque navire-hôpital de l’armée américaine, USNS Comfort, s’est amarré à la jetée Pier 90, à quelques pas du porte-avions-musée Intrepid sur le fleuve Hudson. À bord de ce bateau blanc marqué de la croix rouge, près de 1 000 lits sont censés accueillir les patients non atteints du Covid-19, de manière à délester des centres hospitaliers new-yorkais déjà sous pression.
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Depuis l’arrivée du navire, joggeurs, cyclistes et piétons, qui continuent de longer le fleuve en nombre pour s’aérer, se massent contre les grillages, sous les yeux des officiers de police qui n’hésitent pas à les disperser. Tous tentent d’apercevoir l’énorme bâtiment dépêché par le gouvernement fédéral. La dernière fois que le navire est venu épauler New York, c’était après les attentats du 11 septembre 2001, pour servir de point de repos pour les secouristes, pompiers et autres « premiers répondants » intervenant dans les ruines des tours jumelles détruites par Al-Qaida.
Axel Negron, rencontré à Times Square, s’est dit « soulagé » de voir les images saisissantes du Comfort passer devant la statue de la Liberté. « C’est un pas dans la bonne direction, un signe de progrès. Nous en avons besoin », confie-t-il.
Floraison printanière
Toutes les bonnes nouvelles sont à prendre en ce moment. Au moins 1 096 personnes sont décédées du nouveau coronavirus dans la ville et 11 000 sont hospitalisées. Le maire de New York, Bill de Blasio, a indiqué mardi que « le pire interviendra sûrement dans les prochaines semaines ».

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Malgré ce climat mortifère, certaines parties de la ville restent animées – un peu trop au goût des autorités locales. Les parcs et les aires de jeux, très utilisés par les familles et les sportifs en mal d’air, demeurent ouverts, malgré les appels lancés à la mairie et au gouverneur de l’État, Andrew Cuomo, pour les fermer afin de réduire le risque de contagion.
À Central Park, joggeurs et cyclistes sont loin d’avoir déserté les allées de l’espace vert aux arbres en cours de floraison, même aux abords de l’hôpital de campagne installé par l’association évangélique Samaritan’s Purse. Joe Downes et sa compagne Elizabeth se sont arrêtés pour regarder les équipes de volontaires à l’œuvre pour monter les 14 tentes blanches de cet hôpital. « Ça fait peur, mais c’est une bonne chose que toute cette aide arrive ici, relativise Joe. Tout cela semble sorti d’un film de science-fiction, mais la ville s’en remettra. »
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