MosaikHub Magazine

Etats-Unis : des centaines d’Américains à Houston pour un dernier hommage à George Floyd

lundi 8 juin 2020 par Charles

Alors que Houston se prépare à accueillir les funérailles de George Floyd, les démocrates du Congrès se sont agenouillés pour observer huit minutes quarante-six de silence, avant de dévoiler une proposition de réforme de la police.
Le Monde avec AFP, AP et Reuters Publié aujourd’hui à 03h31, mis à jour à 20h49

Temps de
Lecture 6 min.

De nombreux Américains sont venus se recueillir devant la dépouille de Georges Floyd, dans l’église The Fountain of Praise, à Houston. MARIO TAMA / AFP
La ville de Houston (Texas) a rendu un dernier hommage à George Floyd en exposant sa dépouille, lundi 8 juin, à la veille de ses funérailles. Les démocrates du Congrès des Etats-Unis se sont agenouillés pour observer huit minutes et quarante-six secondes de silence en hommage à cet Afro-Américain de 46 ans, mort le 25 mai lors de son interpellation à Minneapolis par un policier blanc, ainsi qu’à d’autres Américains noirs « qui ont perdu leur vie de façon injuste », avant de dévoiler une proposition de réforme de la police.
Des centaines de personnes à Houston pour un dernier hommage à George Floyd
Des fidèles se recueillent devant la dépouille de George Floyd. DAVID J. PHILLIP / AFP
Des centaines d’Américains endeuillés se massaient aux abords de l’église The Fountain of Praise, lundi, à Houston pour se recueillir devant la dépouille de Georges Floyd. Transporté dimanche dans cette ville du Texas, où il avait vécu avant de s’installer dans la région de Minneapolis, le corps de George Floyd était visible pour un dernier hommage pendant quelques heures. C’était « important pour notre ville de le ramener à la maison », a déclaré Art Acevedo, chef de la police de Houston, qui a ajouté que George Floyd était « bien connu » dans la métropole texane, rapporte CNN.

Nombre de personnes venues honorer sa dépouille arboraient le message « I can’t breathe » (« je ne peux pas respirer »), mots prononcés par Geoge Floyd lors de son interpellation brutale, devenu cri de ralliement de la lutte contre les violences policières. Parmi les personnalités politiques présentes : le gouverneur républicain du Texas, Greg Abbott, qui avait dénoncé un « acte horrible de violence policière ».
Les funérailles de George Floyd auront lieu mardi au Memorial Gardens Cemetery de Houston, où il sera enterré près de sa mère. Le candidat démocrate à la présidence des Etats-Unis, Joe Biden, devait se rendre au Texas lundi pour y rencontrer la famille de George Floyd, ont déclaré les collaborateurs de l’ancien vice-président de Barack Obama. Il enregistrera un message vidéo pour l’enterrement, auquel il « n’a pas l’intention d’assister » pour ne pas perturber la cérémonie, selon CNN.
De nouveaux rassemblements et hommages devaient aussi se tenir lundi dans plusieurs villes de France pour saluer la mémoire de George Floyd et « combattre le racisme dans la police ».
Les démocrates s’agenouillent au Congrès américain

Des démocrates se sont agenouillés lundi en mémoire de George Floyd. JONATHAN ERNST / REUTERS
La présidente démocrate du Congrès, Nancy Pelosi, le chef de la minorité démocrate du Sénat, Chuck Schumer, ainsi qu’une vingtaine de parlementaires, dont plusieurs élus noirs américains, étaient rassemblés lundi dans le « hall de l’Emancipation », nommé ainsi en mémoire des esclaves ayant travaillé à la construction du Capitole à Washington au XVIIIe siècle.
Ils s’y sont agenouillés pendant huit minutes et quarante-six secondes : c’est le temps qu’a passé Derek Chauvin, un policier blanc, le genou appuyé sur le cou de George Floyd jusqu’à l’asphyxier et le tuer le 25 mai lors son interpellation. Un événement qui a provoqué une vague historique de colère aux Etats-Unis et dans le monde contre le racisme de la part des forces de l’ordre. George Floyd avait été interpellé le 25 mai à Minneapolis parce que la police, prévenue par un commerçant, le soupçonnait d’avoir voulu écouler un faux billet de 20 dollars.
Nancy Pelosi, accompagnée de membres du Congressional Black Caucus, le groupe parlementaire rassemblant des élus afro-américains, ainsi que d’autres hauts responsables du Congrès doit, ensuite, présenter un projet de loi visant à « mettre fin aux violences policières, obliger la police à rendre des comptes, améliorer la transparence et créer des changements profonds et structurels qui protègent le droit de tous les Américains à la sécurité et à une justice égalitaire ».
Le Justice and Policing Act qui sera présenté devant les deux chambres entend, entre autres, créer un registre national pour les policiers commettant des bavures, rendre plus faciles les poursuites judiciaires contre les agents, repenser leur recrutement et formation. Son avenir au Sénat, à majorité républicaine, reste incertain.
Le président Donald Trump, qui brigue un second mandat, a accusé son adversaire Joe Biden et les démocrates de vouloir « couper les vivres de la police ». Il a plaidé pour « des forces de l’ordre efficaces et bien payées »

Houston se prépare à accueillir les funérailles de George Floyd. JOE RAEDLE / AFP
Première comparution pour le policier Derek Chauvin
Le policier américain Derek Chauvin, accusé du meurtre de George Floyd, a comparu lundi pour la première fois devant une juge lors d’une audience de procédure organisée par vidéo. L’ancien agent de 44 ans, détenu dans une prison de haute sécurité, est apparu dans une tenue de prisonnier orange sur un écran installé dans une salle d’audience d’un tribunal de Minneapolis. La juge Jeannice Reding a fixé à 1 million de dollars (880 000 euros) le montant de sa caution libératoire, assortie de certaines conditions. La date de la prochaine audience a été fixée au 29 juin.
Derek Chauvin est devenu à travers le monde le visage des violences policières depuis la diffusion d’une vidéo le montrant appuyer son genou sur le cou de George Floyd. L’ancien policier, âgé de 44 ans, avait été, dans un premier temps, inculpé d’homicide involontaire, mais les faits ont été requalifiés en meurtre non prémédité, un chef passible de quarante années de réclusion. Trois de ses anciens collègues impliqués dans l’arrestation fatale à George Floyd, le 25 mai à Minneapolis, ont, eux, été inculpés de complicité de meurtre.
La ville de Minneapolis annonce « démanteler » sa police
Dressant le constat d’une « police structurellement raciste », une majorité des membres du conseil municipal de la plus grande ville du Minnesota, dans le nord des Etats-Unis, a émis dimanche le vœu de la démanteler et de reconstruire en concertation avec la population « un nouveau modèle de sécurité publique » tourné vers la communauté, a rapporté dimanche le New York Times.
L’intention est de transférer les fonds alloués au budget de la police de la ville vers des projets s’appuyant sur la population. La conseillère municipale Alondra Cano a expliqué, sur Twitter, que cette décision avait été prise « avec une majorité du conseil municipal de Minneapolis suffisante pour éviter un veto ».

« Les responsables d’autres villes, dont New York, ont commencé à parler de réorienter une partie du budget et des responsabilités des forces de police vers les agences de services sociaux, mais aucune autre grande ville n’est encore allée aussi loin que ce qu’ont promis les responsables de Minneapolis », commente le New York Times.
Nouvelles manifestations pour demander justice

Des manifestants réclament de « réduire le budget de la police », à Minneapolis, le 6 juin. STEPHEN MATUREN / AFP
Plusieurs milliers de personnes se sont de nouveau rassemblées, dimanche, au treizième jour de mobilisation, dans des grandes villes américaines. Le ton presque festif des rassemblements organisés au cours du week-end a marqué un net contraste avec les troubles – échauffourées, pillages et vandalisme – qui ont accompagné les manifestations durant la semaine. Les autorités et des militants ont attribué ces débordements à des éléments extérieurs et à des malfaiteurs souhaitant profiter de la situation.
A New York, au moins une demi-douzaine de groupes de manifestants ont défilé dimanche après-midi dans les rues de Manhattan, sous un soleil de plomb. Un groupe a tenté de défiler à Times Square mais, selon des publications sur les réseaux sociaux, a été repoussé sans incident par la police, qui bloquait l’accès à ce lieu emblématique. Le maire de la ville, Bill de Blasio, a annoncé la levée du couvre-feu dimanche, un jour plus tôt que prévu.
L’une des plus vastes manifestations de dimanche a eu lieu à Los Angeles, où une foule estimée par une chaîne de télévision locale à 20 000 personnes s’est réunie sur Hollywood Boulevard. Le maire, Eric Garcetti, a annoncé que la garde nationale quitterait la ville dimanche soir.
A Washington, des centaines de manifestants ont posé un genou à terre dans une rue faisant face à la Maison Blanche en criant « Je ne peux pas respirer », selon des messages publiés sur les réseaux sociaux. La capitale fédérale a été, samedi, le théâtre de la plus grande manifestation organisée depuis la mort de George Floyd.
Donald Trump a déclaré, dimanche matin, avoir donné l’ordre que la garde nationale commence à se retirer de Washington, notant que « tout est désormais parfaitement sous contrôle ».

S’exprimant sur Twitter, il a précisé que la garde nationale pouvait « revenir vite, si besoin ».

Notre sélection d’articles sur la mort de George Floyd
Retrouvez tous nos articles sur la mort de George Floyd dans notre rubrique
Notre synthèse : Donald Trump reste sourd à la mobilisation contre les violences policières
Notre éditorial : Racisme : Donald Trump face au réveil américain
Le portrait de George Floyd : « Il cherchait un nouveau départ » : George Floyd, 46 ans, mort sous le genou d’un policier blanc
Notre reportage à Minneapolis : De Minneapolis à Washington, une vague de colère contre le racisme et les violences policières
En images : La colère gagne les grandes villes américaines
En chiffres et en cartes : La réalité des violences policières aux Etats-Unis
Notre analyse sur le mouvement de protestation : Après la colère, le temps du deuil et de la revendication politique
La revue de presse : « Ce mouvement n’est pas seulement lié à George Floyd » : la presse américaine et les « deux virus » qui frappent les Afro-Américains
Archives : Les émeutes raciales aux Etats-Unis vues par les articles du « Monde » depuis 1957
Le Monde avec AFP, AP et Reuters
Contribuer
Partage

Partager sur Facebook

Envoyer par e-mail

Partager sur Messenger
Plus d’options


Accueil | Contact | Plan du site | |

Creative Commons License

Promouvoir & Vulgariser la Technologie