MosaikHub Magazine

La mort de l’écrivain espagnol Carlos Ruiz Zafon

mardi 23 juin 2020 par Charles

L’auteur de huit romans vendus à plus de 38 millions d’exemplaires dans le monde, vivait l’écriture comme un besoin « vital ». Son « Ombre du vent », publié en 2004, a été un immense succès d’édition. Il est mort le 19 juin, à l’âge de 55 ans.
Par Florence Noiville Publié hier à 18h33

Temps de
Lecture 5 min.

Carlos Ruiz Zafon, en 2017. Leonardo Cendamo / ©Leonardo Cendamo/Leemage
Souvent présenté comme « le plus lu des écrivains espagnols après Cervantès », Carlos Ruiz Zafon, l’auteur best-seller de L’Ombre du vent (Grasset, 2004) et du Jeu de l’ange (Robert Laffont, 2009), est mort à son domicile américain de Los Angeles, le 19 juin.
Depuis les années 1990, il partageait son temps entre sa Catalogne natale et la Côte ouest des Etats-Unis, où il écrivait également des scénarios pour l’industrie cinématographique. Emporté à 55 ans par un cancer du colon, Carlos Ruiz Zafon était l’auteur de huit romans vendus dans le monde à plus de 38 millions d’exemplaires et traduits dans une quarantaine de langues.
Lorsqu’il revenait sur le besoin d’écrire, comme lorsqu’il réfléchissait à sa propre trajectoire, Carlos Ruiz Zafon racontait volontiers cette anecdote : « On me demande souvent quel conseil je donnerais à un aspirant écrivain. Je dis : “Ne devenez écrivain que si l’éventualité de ne pas écrire risquerait véritablement de vous tuer. Sinon, vous vous porterez bien mieux en faisant autre chose.” Dans mon cas, si je n’étais pas devenu un conteur d’histoires, j’aurais pu mourir… ou peut-être pire. »
Des débuts dans la publicité
Dès son enfance, à l’ombre de la Sagrada Familia d’Antoni Gaudi, à Barcelone, Carlos Ruiz Zafon rêve déjà de transporter des foules à travers de grandes constructions imaginaires de son cru. En Catalogne, où il naît le 25 septembre 1964 dans une famille modeste – son père est agent d’assurances et sa mère femme au foyer – le jeune Carlos trouve très vite de quoi nourrir sa curiosité. L’école et la bibliothèque l’enchantent. Il se passionne pour les mathématiques, le piano, la photographie et bien sûr la littérature. Ayant avalé précocement un grand nombre de classiques, il signe ses premières histoires à 8 ans et, à 14, un premier roman, gothique et foisonnant, de plus de 500 pages.
C’est en littérature de jeunesse qu’il fera ses premières armes. Mais dans un premier temps, sa carrière dite « sérieuse », celle qui le fait vivre, commence dans la publicité. C’est un secteur florissant dans les années 1980 et Carlos Ruiz Zafon, jeune diplômé en communication, y gagne très bien sa vie. Mais il n’a qu’une piètre estime pour ce métier de « mercenaires ». En 1991, le 1er janvier, il prend une résolution radicale : se mesurer enfin professionnellement à son rêve de toujours. L’une de ses nouvelles pour la jeunesse vient de gagner un concours. Il y voit un signe qui finit d’emporter sa décision. Mais au fond de lui, il sait très bien ce qu’il risquerait en ne la prenant pas. « Mourir ou peut-être pire… » Beaucoup de ses personnages sont à cette aune : leur besoin de littérature, vital, ressemble à une boulimie maladive. « Obsession, fétichisme ou folie, les livres leur sont aussi précieux que l’amour, notait notre collaborateur Nils C. Ahl dans Le Monde des livres du 17 septembre 2009. C’est dire s’ils sont atteints ou possédés. Ou vicieux, pour reprendre l’expression de Valery Larbaud ».
Il vous reste 56.29% de cet article à lire. La suite est réservée aux abonnés.


Accueil | Contact | Plan du site | |

Creative Commons License

Promouvoir & Vulgariser la Technologie