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Jovenel Moïse devant l’ONU : operation de charme ratée ou tentative de legitimation du pouvoir ??

jeudi 25 février 2021 par Charles

Tout a commencé sur les réseaux sociaux alors que le président Jovenel Moïse n’avait même pas terminé son intervention. Les commentaires défavorables ne s’étaient pas fait attendre ; chaque mot du chef de l’état, chaque question d’un membre du conseil de sécurité de l’ONU était analysé par les internautes. Le président a raté son show, c’est ce qui est resté dans l’opinion après la prestation du locataire du palais national devant des diplomates qui semblaient disposes à prouver qu’ils maitrisaient bien le dossier haïtien.

Quand le professeur Fernando Estime a produit ses analyses moins de 24 heures après et a enfoncé le clou, les dés étaient définitivement jetés. Selon l’expert en relations internationales, l’image du pays a pris un sacré coup suite à la participation du chef de l’état à cette réunion du conseil de sécurité de l’ONU. Son plus grand argument : le président n’aurait pas dû se présenter et essuyer cette déconvenue devant des cadres de second rang délégués par les différents pays membres.

Mais parallèlement à cette considération, une question a émergé : et si le président Jovenel Moise avait un objectif spécifique en se prêtant à ce jeu ?

En effet, selon une source proche du palais, la participation du chef de l’état haïtien à cette réunion était pour lui plus qu’une simple operation de charme à la communauté internationale. En s’adressant aux membres du conseil de sécurité de l’ONU en personne, peu importe leur titre ou leur rang, Jovenel Moise entendait légitimer son statut de président dans un contexte où il est considéré par l’opposition politique haïtienne, une Frange de la société civile et même par certains medias étrangers comme un ancien dirigeant dont le mandat est à terme le 07 février dernier. Au-delà donc du satisfecit qu’il s’est donné ou du beau tableau d’Haïti qu’il a peint, le président a voulu confirmer la reconnaissance de son pouvoir par les pays amis d’Haïti.

Entretemps, l’on peut toujours se demander si c’est ce message qui a été perçu ou retenu. Est-ce que la sauce n’a pas été plus chère que le poisson considérant la tournure qu’ont pris les échanges. S’il est vrai que les intervenants se sont adressés à Jovenel Moise en tant que président, ils n’ont quand même pas pris de gants et l’ont descendu en flèche. La représentante de la France n’a pas tenu compte du joli bilan du chef de l’état en matière de démantèlement de gangs quand elle a questionné le statut d’homme libre de Jimmy Cherisier, BBQ aujourd’hui encore. Si le gouvernement se réjouit d’être sur la même longueur d’onde que la communauté internationale sur la nécessité de réaliser des élections cette année dans le pays, il semble ne pas faire cas des conditions évoquées par Nathalie Estival-Broadhurst. S’alignant sur la position des Etats Unis qui souhaitent la tenue des élections au plus vite, la France estime toutefois qu’il faut d’abord un climat de sécurité minimale, une accélération de la distribution des cartes d’identification et l’établissement d’un juge électoral impartial.

En tout cas, de plus en plus, le dossier de la crise haïtienne est traité au niveau international et un changement de langage est constaté du côté de l’opposition politique. Numéro de charme raté ou tentative de légitimation, le président Jovenel Moise, selon plus d’un, devrait commencer à faire attention à chaque mot, chaque prise de position ou chaque action de la communauté internationale.
Luckner GARRAUD


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