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Les dents, une mémoire qui résiste à l’usure du temps

lundi 8 mars 2021 par Charles

Leur morphologie et les éléments chimiques que les dents conservent révèlent non seulement l’identité de leur propriétaire mais aussi son mode de vie.

Les dents évoluant plus lentement que les os - qui réagissent aux contraintes fonctionnelles et s’y adaptent rapidement -, elles permettent d’éclairer les liens de parenté entre espèces.

XINHUA / AFP
Cet article est extrait du n°204 des Indispensables de Sciences et Avenir, daté janvier/mars 2021.

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Les dents sont de petites boîtes noires. Elles comptent en effet parmi les fossiles qui conservent le mieux l’ADN, vestige le plus fiable pour rattacher des restes humains à un groupe donné. Un inconvénient tout de même : quand on tient une dent vieille de dizaines ou centaines de milliers d’années, on ne veut pas l’abîmer ! Or, en prélever l’ADN demande de la détruire, au moins en partie. Sans aucune certitude que l’analyse ADN porte ses fruits...

Une technique moins destructrice consiste à analyser les protéines que l’émail dentaire garde emprisonnées pendant plusieurs centaines de milliers d’années. Celles-ci sont directement codées par l’ADN : une protéine donnée correspond donc à un certain génome. Si cette méthode s’avère inefficace pour reconstituer l’ADN dans son ensemble, elle suffit néanmoins à comprendre à qui l’on a affaire. En 2019, une équipe menée par Jean Jacques Hublin a ainsi pu identifier une mystérieuse mandibule découverte au Tibet, appartenant à un Dénisovien.

"Il est aussi possible d’extraire directement des informations précieuses de la morphologie dentaire, explique Clément Zanolli, paléoanthropologue à l’université de Bordeaux et spécialiste de l’analyse des dents. Grâce aux méthodes d’imagerie de pointe en 3D, on peut accéder à la structure interne des tissus et identifier à quelle espèce humaine rattacher la dent, étudier les adaptations au régime alimentaire et retracer les trajectoires évolutives."

Les dents évoluant plus lentement que les os - qui réagissent aux contraintes fonctionnelles et s’y adaptent rapidement -, elles permettent d’éclairer les liens de parenté entre espèces. "Les dents de prédilection pour identifier un individu sont les molaires et prémolaires, explique le scientifique. Leur taille et leur morphologie suffisent à savoir si l’on est en face d’un Homo sapiens : celui-ci a des dents beaucoup plus petites que les autres hominines, avec une morphologie simplifiée." La couronne a moins de relief, l’émail est épais, les molaires plus courtes.

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