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Azipopo et imbroglio

jeudi 10 février 2022 par Charles Sterlin

La situation d’Haïti est similaire à celle d’un azipopo mis enceinte par un imbroglio.

Le 7 février 2022, date qui marque la fin définitive du mandat du président Jovenel Moïse quel que soit le mode de calcul retenu, n’a apporté aucun éclaircissement dans la situation politique du pays. Les stars sont restées égales à elles-mêmes.

D’un côté, le premier ministre Ariel Henry, enivré de pouvoirs, a débité promesses et menaces sans baliser le chemin qu’il compte emprunter de dates ou d’échéances précises ; d’un autre côté, les oppositions sont restées tranquilles. Ni marche, ni seating ni grandes déclarations n’ont marqué la journée du 7 février.

Le peuple, la population, les Haïtiens, particulièrement dans la région métropolitaine, sont restés calfeutrés chez eux.

Il faut dire que les premières préoccupations des uns et des autres n’ont rien à voir avec la politique. Chaque Haïtien et Haïtienne normalement constitué s’ingénie à gérer la vie chère et l’insécurité. La peur du déclassement sociale et la hantise d’être victime sont plus fortes que tout en ce mois de février 2022.

Ce 7 février l’a encore prouvé, si cela était nécessaire, les politiciens au pouvoir ne sont pas à la hauteur des attentes de la population ; Ceux de l’opposition ne proposent ni alternatives ni promesses.

Tout est bloqué.
Entretemps, de nouvelles accusations enserrent le premier ministre Henry. En fait, il s’agit de renouvellement d’accusations.

Depuis le rapport établi par la police judiciaire haïtienne et la lecture expliquée du rapport, lecture faite par le Réseau National de Défense des Droits Humains (RNDDH), le nom du chef du gouvernement est cité à cause de son amitié et de ses appels téléphoniques échangés avec l’un des principaux suspects impliqués dans le complot qui a abouti à l’assassinat du président Jovenel Moïse.

A date, Henry ne s’est toujours pas présenté devant un juge pour clarifier sa situation ou pour lever les interrogations.

Les oppositions, bizarrement, ne capitalisent pas non plus sur cette fêlure pour chercher à acculer le premier ministre.

Tout le monde laisse du temps au temps.

Ce 7 février, le pays se retrouve dans une série d’imbroglios : le premier ministre n’a aucun mandat, il ne s’impose aucune échéance. Il a tous les pouvoirs sans aucun contre-pouvoir.

Le problème numéro un du pays, l’insécurité, se retrouve sans solution avec des promesses en pagaille de la communauté internationale qui n’ont pas eu de suite.

Les institutions pour ramener le pays sur le chemin de la démocratisation n’existent pas : une constitution en vigueur oubliée de tous, pas de nouvelle constitution en préparation, pas de conseil ni de loi électorale, pas de carte d’identification fiable, pas d’appareil judiciaireen état de marche, pas de parlement actif, pas même de budget pour quantifier les projets à venir.

Pour compléter le tout, les affaires du pays sont gérées par un consortium de partis politiques qui gravite autour d’Arien Henry et qui ne manifeste aucune urgence pour aller aux élections dans un avenir proche.

La contestation est menée par un regroupement d’hommes, de femmes, de partis politiques et d’organisations de la société civile qui, eux non plus, ne sont pas pressés de revenir à la démocratie formelle.

L’opposition rêve d’une longue transition. Ariel Henry jouit d’un mandat sans limite.

Ce mois de février, nous avons un pays porteur d’un immense azipopo. Un Azipopo dans notre savoureux créole est un problème indéfinissable.

Nous sommes en plein dedans à cause de mille imbroglios.


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