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Tir nord-coréen : la Chine et la Russie refusent à l’ONU de durcir les sanctions

samedi 26 mars 2022 par Charles Sterlin

Publié le 24/03/2022 à 10h22 - Modifié le 26/03/2022 à 02h40
L’indignation internationale provoquée par le tir de la Corée du Nord d’un missile balistique intercontinental (ICBM) s’est heurtée jeudi, devant le Conseil de sécurité de l’ONU, au refus de la Chine et de la Russie de renforcer les sanctions contre Pyongyang.

L’ambassadrice américaine auprès des Nations unies, Linda Thomas-Greenfield, a dénoncé lors d’une réunion du Conseil de sécurité les "provocations de plus en plus dangereuses" de la Corée du Nord et annoncé que les Etats-Unis présenteraient une résolution en vue "de renforcer le régime de sanctions" adopté lors d’un précédent tir nord-coréen d’ICBM en 2017.

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Mais Pékin et Moscou ont exclu tout durcissement. L’ambassadeur chinois Zhang Jun a même plaidé au contraire pour un "allègement des sanctions au moment opportun", tandis que la diplomate russe Anna Evstigneeva a dit redouter qu’un renforcement des sanctions "ne menace les citoyens nord-coréens avec des problèmes socio-économiques et humanitaires inacceptables".
.Le missile, tiré jeudi, a volé plus haut et plus loin que tous les précédents ICBM testés par le pays doté de l’arme nucléaire.

Baptisé Hwasong-17, il est capable de frapper n’importe quelle partie du territoire américain, et a atterri dans la zone maritime économique exclusive du Japon.

Le dirigeant nord-coréen Kim Jong Un a personnellement ordonné et supervisé l’essai, assurant selon l’agence de presse d’Etat KCNA que ce missile ferait prendre conscience au "monde entier (...) de la puissance de nos forces armées stratégiques".

La Corée du Nord est "prête pour une confrontation de longue durée avec les impérialistes américains", a ajouté celui qui apparaît, sur des photos prises par les médias d’Etat, vêtu de son habituel blouson de cuir noir et de lunettes de soleil sombres, marchant sur le tarmac devant un énorme missile.

"Violation"
Le tir a été condamné vendredi par le G7 qui a dénoncé une "violation flagrante" des obligations de la Corée du Nord vis-à-vis des Nations unies.

"Ces actions inconsidérées menacent la paix et la sécurité régionales et internationales, posent un risque dangereux et imprévisible pour l’aviation civile internationale et la navigation maritime dans la région et exigent une réponse unie de la communauté internationale", ont souligné les ministres des Affaires étrangères des sept membres du G7 ainsi que le haut représentant de l’Union européenne.

La Corée du Nord "a certainement d’autres choses en réserve" après avoir tiré ce missile, a en outre estimé le conseiller à la sécurité nationale américain Jake Sullivan.

Le Hwasong-17, dévoilé pour la première fois en octobre 2020, est surnommé "missile monstre" par les analystes. Il n’avait jamais été testé avec succès auparavant, et le lancement a entraîné de nouvelles sanctions américaines.

Il s’agit "d’une rupture du moratoire sur les lancements de missiles balistiques intercontinentaux auquel le président Kim Jong Un" s’était engagé en 2017, a déploré le président de la Corée du Sud, Moon Jae-in.

L’armée sud-coréenne a indiqué avoir riposté en tirant "des missiles depuis le sol, la mer et les airs" vers le large de ses côtes.

Les résolutions de l’ONU interdisent à la Corée du Nord, frappée par de lourdes sanctions internationales pour ses programmes nucléaire et d’armement, de procéder à des essais de missiles balistiques.

Cela n’a pas empêché Pyongyang de réaliser une dizaine de tests de ce type d’armement depuis le début de l’année.

Mais il ne s’agissait pas jusqu’à présent de missiles intercontinentaux, même si Washington et Séoul soupçonnent le régime nord-coréen d’avoir testé certains systèmes d’ICBM lors de ces lancements.

Pyongyang a effectué trois lancements d’ICBM en 2017. L’engin alors testé, le Hwasong-15, était capable d’atteindre les Etats-Unis.

Echec la semaine dernière
Selon Séoul, un essai de missile par la Corée du Nord le 16 mars s’est soldé par un échec, le projectile explosant dans le ciel au-dessus de Pyongyang peu après son lancement.

Des analystes s’attendaient à ce que Pyongyang, qui célèbrera le 15 avril le 110e anniversaire de la naissance de Kim Il Sung, fondateur du pays et grand-père de Kim Jong Un, se livre à une démonstration de force pour marquer la fête la plus importante du calendrier politique nord-coréen.

Kim Jong Un a déclaré l’an dernier qu’améliorer les capacités militaires du pays était prioritaire pour le régime.

Priorité parmi les priorités : développer un ICBM capable de porter plusieurs ogives conventionnelles ou nucléaires suivant chacune une trajectoire indépendante, difficiles à intercepter par les systèmes antimissiles.

"Kim a probablement le sentiment que c’est le moment parfait pour développer des ICBM, et rappeler au monde avec insistance que le Nord, contrairement àl’Ukraine, est un pays doté de l’arme nucléaire", a expliqué à l’AFP Ahn Chan-il, expert de la Corée du Nord.


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