MosaikHub Magazine

Faits du jour Guerre en Ukraine : le site d’Azovstal coupé du monde, les Russes au ralenti Guerre entre l’Ukraine et la Russiedossier

jeudi 5 mai 2022 par Charles Sterlin

Si Marioupol semble au bord de la chute, les forces russes ne progressent toujours que très lentement dans le Donbass. A la frontière bélarusse au nord, comme à la frontière moldave au sud, la menace d’un débordement du conflit s’intensifie.

par Anaïs Moran
publié le 4 mai 2022 à 20h56
Marioupol, assailli sans discontinuité par les Russes depuis plus de deux mois, croupit en plein chaos. Après l’évacuation partielle, mardi, des civils cachés dans les souterrains de l’immense complexe métallurgique d’Azovstal, le site industriel – dernier verrou tenu par les forces ukrainiennes dans cette ville martyre de bord de mer – semble cerné de toutes parts et vivre ses derniers moments de résistance. Depuis deux jours, Kyiv affirme que les troupes ennemies livrent un puissant assaut avec l’appui de « véhicules blindés, de chars, de bateaux, avec des tentatives de débarquement de troupes et un grand nombre d’éléments d’infanterie ».

Dans la journée de mercredi, la situation est apparue encore plus dramatique, le maire de la ville évoquant la perte totale de contacts avec l’intérieur du site. Des soldats ukrainiens mais aussi des civils, « des centaines, dont plus de trente enfants », y seraient encore coincés. En début de soirée, l’état-major ukrainien a assuré que l’offensive russe avait été infructueuse. Le Kremlin, lui, dément l’assaut contre l’aciérie. Tout comme il avait démenti avoir bombardé mi-mars le théâtre de la ville, où selon une enquête d’Associated Press publiée mercredi, près de 600 civils auraient péri. Le double du bilan évoqué jusqu’à présent. Selon les services de renseignement ukrainiens, Vladimir Poutine souhaiterait parachever au plus vite la prise de Marioupol, afin depouvoir y célébrer, lors du défilé traditionnel du 9 mai, la victoire sur l’Allemagne nazie.

Problèmes logistiques, de main-d’œuvre et de moral
Dans le Donbass, les forces russes continuent de mettre la pression sur l’axe nord. Et leur artillerie continue de pilonner l’ensemble du front oriental. Deux personnes ont été tuées dans l’oblast de Louhansk ces dernières 24 heures, d’après les autorités locales. « Chaque ville de la région a été sous les bombes », a fait part le gouverneur régional, Serguiï Gaïdaï. Mardi, dans la région voisine de Donetsk, l’administrateur Pavlo Kyrylenko relatait des frappes sur une usine à Avdiivka, faisant « au moins dix morts et quinze blessés » parmi les « travailleurs venant de terminer leur quart et attendaient le bus. »

Mercredi, deux dépôts de carburant de la ville de Makiivka ont été touchés. Ainsi qu’une école et un bâtiment résidentiel à Sloviansk, commune du nord du territoire considérée comme un objectif stratégique central pour la progression des troupes de Poutine dans la zone. Progression qui, actuellement, reste ralentie par les problématiques désormais connues de logistiques, de main-d’œuvre et de moral en berne.A Kharkiv aussi, sur le front nord, les soldats de Moscou rencontrent des difficultés d’une toute autre dimension. Une contre-offensive ukrainienne a repoussé en début de semaine les forces russes à environ 40 km à l’est de la ville, a annoncé le ministère américain de la Défense. L’opération est d’une telle envergure qu’elle pourrait, selon l’Institute for the Study of War (ISW), rebattre les cartes dans cette région frontalière de Donetsk et Louhansk.

« Les contre-offensives ukrainiennes autour de la ville de Kharkiv pourraient ébranler les positions russes au nord-est de la ville », peut-on lire dans la note de l’ISW du 3 mai. Assez rapidement, les Russes pourraient être dans l’obligation de choisir entre renforcer « les positions autour de Kharkiv », ou bien les abandonner « si les Ukrainiens continuent de pousser leur contre-attaque » et ainsi mieux se concentrer sur le secteur d’Izioum, porte d’entrée dans le Donbass.

Soutien militaire européen à la Moldavie
A l’autre extrémité de l’arc territorial ukrainien ciblé par le Kremlin, les alentours d’Odessa, ville portuaire sur la mer Noire, font l’objet d’intenses opérations de reconnaissance russe. Un drone « Forpost » aurait été intercepté par les forces ukrainiennes, qui décrivent une « montée en tension » après les bombardements sur Odessa lundi, et les incidents en Transnistrie de lasemaine passée. Petite bande de terre séparatiste prorusse de la Moldavie, la Transnistrie suscite depuis une dizaine de jours les craintes d’un débordement du conflit sur ce front occidental.

Mercredi, le président du Conseil européen, Charles Michel, a d’ailleurs fait part du projet des Vingt-Sept de « considérablement accroître » le soutien militaire à la Moldavie, en livrant « des équipements militaires supplémentaires » à ses forces armées. « Il est de notre devoir européen d’aider votre pays et d’accroître notre soutien à votre stabilité, sécurité et intégrité territoriale », a-t-il exprimé. En parallèle, un autre pays pourrait focaliser l’attention de la communauté internationale : le Bélarus. Soutien du Kremlin, le pays vient de déclarer avoir commencé des exercices militaires « surprises » pour tester ses forces de combat.


Accueil | Contact | Plan du site | |

Creative Commons License

Promouvoir & Vulgariser la Technologie