« On ne peut pas comprendre une langue qu’on n’entend pas. »-
Commencer à apprendre une langue quand on est enfant, c’est mettre toutes les chances de son côté pour bien la parler et la comprendre plus tard. Car, quand on est à l’école primaire, on a certaines facilités que les adultes n’ont plus ! 1jour1actu a demandé des explications à Daniel Gaonac’h, professeur de psychologie cognitive : il étudie le fonctionnement de la mémoire, du langage, des apprentissages.
1jour1actu : Les enfants ont-ils plus de facilités que les adultes pour apprendre une langue ? Daniel Gaonac’h : Les enfants ont des capacités particulières et les adultes en ont d’autres. Les adultes sont capables d’apprendre vite, par exemple. Quant aux enfants, jusqu’à sept à dix ans, ils arrivent plus facilement à entendre les sons d’une langue étrangère qui n’existent pas dans leur langue maternelle. Pourquoi les enfants entendent-ils mieux ces sons « étrangers » ? Daniel Gaonac’h : Parce que plus on grandit, plus on est conditionné par la langue que l’on entend, c’est-à-dire sa langue maternelle : on finit par n’entendre que les sons de sa langue. Par exemple, en espagnol, il n’y a pas de différence entre le « b » et le « v ». En grandissant, les jeunes Espagnols n’entendront donc pas la différence entre le « b » et le « v » en français, car cette différence n’existe pas dans leur langue. Entendre une langue étrangère très jeune, est-ce suffisant pour l’apprendre ? Daniel Gaonac’h : Non ! Mais c’est un socle, une base essentielle pour l’apprentissage futur ! On ne peut pas comprendre une langue que l’on n’entend pas ! Et un jeune enfant, dès la maternelle, est bien capable de s’y préparer, à condition de centrer l’apprentissage sur l’écoute de la langue. Les comptines, les chansons, sont un bon moyen de s’imprégner de la langue. Que faut-il faire d’autre pour réussir à parler une langue ? Daniel Gaonac’h : Apprendre une langue ne peut pas se faire sans apprendre le lexique, la grammaire… Il faut aussi apprendre à s’exprimer. Dans notre rapport, nous recommandons de commencer l’expression orale au CE2. Et en France, malheureusement, on donne trop d’importance à la correction des erreurs. Résultat : beaucoup d’enfants sont timides et n’osent plus parler par peur de se tromper… N’ayez pas peur ! Lancez-vous ! Ce n’est pas grave si la prononciation n’est pas parfaite ! Propos recueillis par Sandra Laboucarie Daniel Gaonac’h est l’un des auteurs du rapport sur l’enseignement des langues vivantes pour le Cnesco, le Conseil national d’évaluation du système scolaire.
Charles
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