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Guerre en Ukraine : la clarification nécessaire de l’Elysée

dimanche 12 juin 2022 par Charles Sterlin

Les déclarations d’Emmanuel Macron sur son intention de ne pas « humilier la Russie » ont été vivement critiqués par ses partenaires occidentaux. L’Elysée a tenté de clore la polémique, en affirmant vouloir « la victoire de l’Ukraine » et en ouvrant la voie à un déplacement du chef de l’Etat. Une démarche indispensable.Publié hier à 10h53, mis à jour hier à 11h08 Temps deLecture 2 min.

La clarification était devenue nécessaire. En rappelant le 10 juin que la France souhaite « la victoire de l’Ukraine », l’Elysée s’est efforcé de clore une polémique qui finissait par brouiller son message et son image. Pour avoir répété une semaine plus tôt son souci de ne pas « humilier la Russie », Emmanuel Macron s’était en effet attiré les critiques virulentes de nombreux partenaires européens.

Certes, il avait précisé que ce souci s’intégrait dans le moyen terme « pour que, le jour où les combats cesseront, nous puissions bâtir un chemin de sortie par les voies diplomatiques », ce que personne ne peut lui reprocher sur le fond. Le président de la République avait également parlé au cours du même entretien de l’« erreur historique et fondamentale » commise avec cette guerre choisie par son homologue russe, Vladimir Poutine, jugé désormais « isolé ».

L’attention ne s’était portée cependant que sur un seul mot, inaudible dans le fracas des armes qui ravagent le Donbass dans ce conflit dont la Russie porte l’unique responsabilité, alors que s’accumulent les éléments constitutifs de crimes de guerre qui incriminent le Kremlin.

Visite du président français en Ukraine
La polémique plaçait en porte-à-faux Emmanuel Macron, suspecté à tort de reprendre la rhétorique devenue obsessionnelle de Vladimir Poutine concernant les desseins qu’il prête aux Occidentaux. Elle contribuait également à occulter le soutien au demeurant clair et net, politique autant que militaire, apporté à Kiev. « Nous souhaitons que l’intégrité territoriale de l’Ukraine soit rétablie. Nous souhaitons que ce conflit, que cette guerre de la Russie contre l’Ukraine cesse le plus vite possible », a rappelé l’Elysée le 10 juin.

Il est probable que tous les doutes ne seront pas partout dissipés par ces déclarations. Les histoires singulières des pays qui composent l’Union européenne nourrissent des sensibilités différentes dès lors que la Russie est en jeu. Ces différences n’ont cependant pas empêché une unité remarquable sur les principes qui guident les Européens depuis le début de l’agression russe.

Cette clarification ouvre néanmoins la voie à une visite du président français en Ukraine, où l’ont déjà précédé nombre de ses pairs. Emmanuel Macron doit justement se déplacer en début de semaine prochaine dans deux pays frontaliers de l’Ukraine : la Roumanie, où des forces françaises ont été déployées pour témoigner de la solidarité de Paris dans l’épreuve, et la Moldavie, sur laquelle pèse par ailleurs une autre menace séparatiste prorusse.

Alors que la France s’efforce également de mettre fin au blocus russe du grand port ukrainien d’Odessa, qui empêche l’exportation des céréales, cruciale pour des pays d’Afrique et du Moyen-Orient, on ne peut qu’inviter le président de la République à pousser plus à l’est, pendant que la France préside encore, pour vingt jours, le Conseil européen.

Un tel déplacement d’Emmanuel Macron permettrait de réaffirmer le cap adopté par les Occidentaux. Quand reviendra le temps de la diplomatie, il incombera aux seuls Ukrainiens de décider du sort de leur pays. Tout doit être fait, dans l’intervalle, pour qu’ils puissent tenir sans rompre face à la puissante et impitoyable machine de guerre russe, voire qu’ils repoussent partout où ils le pourront l’envahisseur. Ce soutien occidental est capital et indispensable. Il faut le rappeler inlassablement, alors qu’il fait déjà face à l’épreuve de la durée.


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