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Pour célébrer l’annexion de nouvelles régions ukrainiennes, Vladimir Poutine offre un discours messianique et violemment anti-occidental

dimanche 2 octobre 2022 par Charles Sterlin

RÉCITAlors que l’absorption des régions de Louhansk, Donetsk, Kherson et Zaporijia suscite un enthousiasme limité, le président russe a tenté vendredi de remobiliser sa population et d’éventuels alliés en attaquant un Occident « totalitaire » et « parasite ».

Toute la journée de vendredi 30 septembre, compte à rebours à l’appui, visages fendus de sourires béats, les journalistes des télévisions russes avaient promis à leurs téléspectateurs rien de moins que « le bonheur » – celui d’assister à un « événement historique », un « moment d’unité et de célébration nationales » comparable à ce que fut le « rattachement » de la Crimée à la Russie en 2014.

« Bonheur ». Les officiels qui prenaient place peu à peu dans la grande salle Saint-Georges du Kremlin reprenaient le mot – députés, sénateurs, gouverneurs, généraux, dignitaires religieux, tous disaient aux caméras leur émotion de vivre un instant exceptionnel, l’adjonction au territoire de la Fédération de Russie de près de 100 000 km2 de terres ukrainiennes arrachées par les armes.
Puis Vladimir Poutine est arrivé, et en quarante minutes d’un discours plein de ressentiment, tantôt apocalyptique, tantôt messianique, il a fait dérailler cette mécanique bien huilée.
Certes, le président russe a fait l’essentiel, apposant sa signature au côté de celle des dirigeants prorusses des quatre régions de Donetsk, Louhansk, Zaporijia et Kherson – un trait de plume qui achève de ruiner toute perspective de paix négociée avec l’Ukraine et plonge la planète dans l’inconnu. Certes, Vladimir Poutine a salué les référendums tenus dans ces régions quelques jours plus tôt ; certes, il a tenté de donner à cette annexion un vernis de légalité, se référant à la charte des Nations unies, quelques heures avant que la Russie ne mette son son veto à la résolution de l’ONU condamnant ce coup de force. Certes, il a repris son antienne habituelle sur l’illégitimité de l’Etat ukrainien et, en passant, l’illégitimité de la dissolution de l’Union soviétique (URSS).

Réquisitoire contre l’Occident
Mais le président russe a balayé ces sujets en quelques minutes seulement, choisissant de consacrer l’essentiel de son intervention à une diatribe contre l’Occident d’une violence inouïe. « Ils », « eux » – le mot le plus prononcé et le réel objet de ce discours. « Eux », les Occidentaux, coupables d’une « russophobie multiséculaire » et qui cherchent encore à déstabiliser et à démembrer la Russie, à faire d’elle une « colonie ».

Vladimir Poutine prononce un discours lors de la cérémonie officielle d’annexion de quatre régions d’Ukraine - Louhansk, Donetsk, Kherson et Zaporijia, au Kremlin, à Moscou, le 30 septembre 2022.
Vladimir Poutine prononce un discours lors de la cérémonie officielle d’annexion de quatre régions d’Ukraine - Louhansk, Donetsk, Kherson et Zaporijia, au Kremlin, à Moscou, le 30 septembre 2022. GRIGORY SYSOYEV / AFP
« Ils ne peuvent accepter l’idée qu’il existe un si grand pays, avec de telles richesses naturelles et de telles ressources, un peuple qui ne sait pas se soumettre », a-t-il attaqué, poursuivant : « Notre développement et notre prospérité les menacent. (…) Ils refusent que nous soyons une société libre, et veulent nous voir comme une foule d’esclaves sans âme. »

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