MosaikHub Magazine

L’Ukraine, cause imprévue des hommes du président Biden

jeudi 5 mai 2022 par Charles Sterlin

Le secrétaire d’Etat américain, Antony Blinken, le secrétaire à la défense, Lloyd Austin, et le conseiller à la sécurité nationale, Jake Sullivan, veulent croire en la victoire de Kiev et faire de cette guerre un « échec stratégique » pour le Kremlin.

Par Piotr Smolar(Washington, correspondant)

Le secrétaire d’Etat américain, Antony Blinken, et le secrétaire à la défense, Lloyd Austin, rencontrent le président ukrainien, Volodymyr Zelensky, à Kiev, le 24 avril 2022. - / AFP
Ils ont pris le train dans le plus grand secret. Par la fenêtre, en roulant vers cette ville de Kiev qui semblait promise il y a deux mois à la conquête russe, ils ont observé les paysages ukrainiens, soudain si concrets. En ce 24 avril, deux des plus hauts responsables américains, éléments-clés de l’administration Biden, illustraient par le geste l’engagement de Washington en faveur de l’Ukraine, donc contre la Russie. Le secrétaire d’Etat, Antony Blinken, et le secrétaire à la défense, Lloyd Austin, avaient rendez-vous avec Volodymyr Zelensky. L’ancien acteur, mû par le drame absolu de l’invasion en héraut de la résistance nationale, les a accueillis comme des interlocuteurs familiers et indispensables.

Lire aussi : Article réservé à nos abonnés Guerre en Ukraine : les chefs américains de la diplomatie et de la défense en visite discrète à Kiev
Mieux que tout communiqué, les accolades entre les deux hommes et les ministres ukrainiens Dmytro Kuleba (affaires étrangères) et Oleksii Reznikov (défense) illustraient une évidence. Pour les Etats-Unis, l’Ukraine signifie bien plus que l’Ukraine. Cette guerre étrangère est devenue familière ; l’Amérique se l’est appropriée, à distance.

« L’administration Biden avait très bien lu les intentions militaires russes dès le départ, préparé des sanctions avec les Européens, mais elle a aussi pensé qu’il s’agissait d’une cause perdue, souligne Daniel Fried, ex-diplomate de haut rang et fin spécialiste de l’Europe, aujourd’hui expert au Atlantic Council. Que les Ukrainiens se battraient bravement et perdraient vite. Or, aujourd’hui, il y a toute une gamme d’issues possibles. » Les livraisons successives d’équipements militaires, de plus en plus sophistiqués et nombreux, ont récompensé les auteurs de cette surprise.

Par son sacrifice au nom de sa souveraineté, le peuple ukrainien est devenu le bras armé – par les Etats-Unis et les Européens – dans l’affrontement entre les démocraties libérales et les régimes autoritaires, dont le président russe, Vladimir Poutine, est une figure de proue. Un thème très présent au cours de la campagne présidentielle de Joe Biden. Ce qui se joue, de Lviv au Donbass, de Kharkiv à Odessa, c’est la place de l’Occident dans le monde et des Etats-Unis à sa tête, sa capacité de mobilisation et de défense, son attachement à des principes et au droit international, et le prix qu’il est prêt à payer en leur nom.

Ancrer les Etats-Unis dans le XXIe siècle
« Il est impossible de ne pas être ému par ce que les Ukrainiens ont réalisé, expliquait Antony Blinken devant la commission des affaires étrangères au Sénat, le 26 avril. Il est aussi impossible de ne pas croire qu’ils continueront à réussir, parce qu’ils savent pourquoi ils se battent. » Croire en la victoire sans en dessiner les contours, transformer cette guerre en « échec stratégique » pour le Kremlin, rêver sans le dire à un court-circuit général au sein du régime russe : telle est la nouvelle ligne d’horizon des trois cavaliers de l’équipe Biden, MM. Blinken et Austin, ainsi que du conseiller à la sécurité nationale, Jake Sullivan.

Il vous reste 71.76% de cet article à lire. La suite est réservée aux abonnés.


Accueil | Contact | Plan du site | |

Creative Commons License

Promouvoir & Vulgariser la Technologie