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Guerre en Ukraine : « contact perdu » avec les combattants d’Azovstal

jeudi 5 mai 2022 par Charles Sterlin

Le maire de Marioupol indique que les combats sont « violents ». De son côté, Moscou assure qu’aucun assaut n’a été ordonné sur l’usine métallurgique.

Source AFP
Publié le 04/05/2022 à 13h29 - Modifié le 04/05/2022 à 16h26
En dépit des dénégations russes, l’Ukraine maintient ses accusations d’assaut massif sur Azovstal. Mercredi 4 mai, le Kremlin a démenti que les soldats russes avaient lancé un assaut contre l’aciérie d’Azovstal. Située dans la ville portuaire de Marioupol, dans le sud-est de l’Ukraine, il s’agit de la dernière poche de résistance ukrainienne. « L’ordre a été donné (le 21 avril) publiquement par (Vladimir Poutine) d’annuler tout assaut. Il n’y a pas d’assaut » à l’heure actuelle, a affirmé à la presse le porte-parole du Kremlin Dmitri Peskov. Alors même que, côté ukrainiens, on indique faire face à de « violents combats » et avoir perdu le « contact » avec les résistants terrés dans l’usine.

L’officiel russe, par ailleurs, ajouté que les forces de Moscou assiégeaient le site et n’intervenaient que pour « enrayer très rapidement les tentatives » de combattants ukrainiens de rejoindre des « positions de tir ». La veille, mardi 3 mai, les autorités ukrainiennes avaient indiqué que les forces russes menaient un « puissant assaut » sur le territoire d’Azovstal, avec des chars et de l’infanterie. À Moscou, le ministère de la Défense avait seulement annoncé des frappes d’avions et d’artillerie pour « détruire des positions de tir » ukrainiennes.

Plus de deux mois après le début de l’offensive russe sur l’Ukraine, les forces envoyées par Vladimir Poutine contrôle la majeure partie de Marioupol. À la suite de plusieurs semaines de siège, la ville est en grande partie dévastée.

« Violents combats » et perte de contact
Malgré les dénégations russes, le maire de la ville Vadim Boïtchenko a assuré que de « violents combats » étaient en cours sur le site d’Azovstal. « Nous avons perdu le contact avec les gars. Nous ne pouvons pas savoir ce qui s’y passe, s’ils sont en sécurité ou non », a-t-il déclaré à la télévision ukrainienne.

Selon lui, « l’artillerie lourde, les chars (et) l’aviation » sont à l’œuvre dans cette offensive. Vadim Boïtchenko assure aussi que « des navires qui se sont approchés » des côtes, le territoire de l’aciérie se trouvant le long de la mer d’Azov.

« Nos gars sont courageux et défendent la forteresse, mais c’est vraiment difficile », a-t-il salué à la télévision ukrainienne, estimant « qu’en ayant retenu l’ennemi » pendant des semaines, les derniers combattants retranchés dans les souterrains de l’immense complexe « avaient permis de gagner du temps ». Le maire de la ville a une nouvelle fois assuré qu’il y avait « des civils, des centaines là-bas », mais aussi « des enfants qui attendent d’être secourus ». « Il y en a plus de 30 », a-t-il indiqué.

L’assaut était jugé trop coûteux par Moscou
Les derniers défenseurs ukrainiens résistent dans le vaste réseau de galeries souterraines de l’aciérie. Un dédale de couloirs difficile à prendre d’assaut ou à détruire par des bombardements. Selon Kiev, des civils se trouvent encore dans l’aciérie. Les Nations unies ont confirmé mardi l’évacuation d’une centaine d’entre eux, emmenés à Zaporijia.

Le 21 avril dernier, le chef du Kremlin Vladimir Poutine avait déclaré que la ville de Marioupol avait été conquise. Et ce, alors qu’une forte résistance ukrainienne était encore en place dans le site industriel. À cette occasion, il avait également jugé qu’un assaut d’Azovstal serait trop coûteux en vies de soldats russes, ordonnant à la place d’assiéger la zone, « de sorte que pas une mouche ne passe ». Les forces ukrainiennes encore sur place ont refusé de se rendre.

Un défilé militaire en préparation ?
Dans le même temps, les renseignements ukrainiens ont affirmé, mercredi, que La Russie préparerait un défilé militaire dans le port de Marioupol, le 9 mai prochain. Chaque année, à cette date, Moscou célèbre la victoire de l’URSS sur l’Allemagne nazie. Selon les services de renseignements militaires ukrainiens (GUR), le directeur adjoint de l’administration présidentielle russe Sergueï Kirienko serait arrivé à Marioupol afin de préparer ce défilé. « La mission principale du responsable de Vladimir Poutine est de préparer les cérémonies du 9 mai », peut-on lire dans un communiqué du GUR sur Telegram.

Toujours selon ce message, Marioupol deviendrait « un centre de célébrations ». « Les avenues principales de la ville sont nettoyées en urgence, les débris et les corps des morts enlevés, tout comme les munitions qui n’ont pas explosé », précise le communiqué. Les téléspectateurs russes verront des reportages sur « la joie » des résidents de Marioupol de voir arriver les Russes dans leur ville, ajoute-t-on. Chaque année, la fête du 9 mai est l’occasion d’un grand défilé militaire à Moscou, sur la place Rouge.

Toujours selon le GUR, « une campagne de propagande à grande échelle est en cours » auprès de la population de la ville, estimée désormais par les autorités ukrainiennes entre 100 000 et 120 000 personnes. Ils étaient près d’un demi-million avant le 24 février. Interrogé sur ces éventuels préparatifs, le ministre russe de la Défense, Sergueï Choïgou, n’a pas explicitement évoqué la possibilité d’un tel défilé à Marioupol.

Des divergences sur les commémorations du 9 mai
« Cette année, des défilés militaires auront lieu dans 28 villes russes », a-t-il uniquement indiqué, précisant que « près de 65 000 personnes, environ 2 400 types d’armes et d’équipements militaires et plus de 460 avions seront mobilisés cette année ».

Depuis 2015, soit un an après le début du conflit dans l’est du pays avec des séparatistes prorusses soutenus par Moscou, les Ukrainiens utilisent le coquelicot comme emblème officiel des commémorations, comme le font certains pays anglo-saxons, plutôt que le ruban de Saint-Georges orange et noir utilisé par les Russes et d’autres pays d’ex-URSS.

Et depuis une quinzaine d’années, les autorités ukrainiennes parlent dorénavant de victoire sur le nazisme lors de la « Deuxième Guerre mondiale », et non lors d’une « Grande guerre patriotique ». Une dénomination encore utilisée par Moscou, à ce jour.


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